article 3 : introduction à la psychanalyse

La Spaltung

 

Pour commencer notre propos nous partirons des mots de Lacan dans les écrits :

 

« La division du sujet entre vérité et savoir est pour eux (les psychanalystes) un point familier. C’est celui où FREUD les convie sous l’appel du « Wo es war soll Ich werden « ; que je retra­duis, une fois de plus, à ac­centuer ceci : là où c’était, là comme sujet dois-je adve­nir. Or ce point, je leur en montre l’étrangeté à le prendre à revers, ce qui consiste ici plutôt à les ramener à son front. Comment ce qui était là à m’attendre depuis toujours […] d’un être obscur, viendrait-il à se totaliser d’un trait qui ne se tire qu’à le diviser plus nettement de ce que j’en peux savoir ? Ce n’est pas seulement dans la théorie que se pose la question de la double inscription, pour avoir provoqué la perplexité où mes élèves Laplanche et Pontalis auraient pu lire dans leur propre scission dans l’abord du problème la solution. […] Elle est tout simplement dans le fait que l’inscription ne mord pas du même côté du parchemin, venant de la planche à impri­mer la vérité ou celle du savoir. »[1]

 

Les deux registres de la subjectivité chez Lacan, sont comme dits, l’inconscient et le conscient ; la spaltung elle, c’est la traduction de la notion de division, c’est le mot allemand de la relecture de Freud.

Quand le sujet parle, il ne parle qu’à partir d’une idée de ce qu’il se fait de lui-même. Il ne parle qu’au travers de l’image qu’il se fait de lui. Nous pourrions dire que l’on fait semblant d’être nous-même, parce que l’on ne sait pas qui nous sommes en réalité. Et cela, justement parce qu’il y a la « première » division et que l’inconscient et le conscient sont scindés et qu’il y a cette part de nous qui nous échappe.

La naissance du sujet lacanien se fait avec la division, dans l’accès au langage. L’accès au langage représente la question préalablement abordée du signifiant et du signifié. À partir du moment où le sujet dit : « je suis », il ne parle plus vraiment de lui. Dans le réel, il parle de lui comme représenté dans l’idée de la personne qui lui a donné son nom, qui l’a donc « prénommé ». Par exemple, pour la question du prénom, les parents ont collé un signifiant sur qui nous pouvons être. C’est une représentation.

Le mot est un symbole et le symbole vient représenter ce qui existe dans le réel, mais pas seulement. Il faut aussi comprendre que le signifiant a du sens, cela fait donc prendre un sens. Néanmoins, à partir du moment où l’on nomme et impose un symbole pour parler d’une chose qui se trouve dans le réel, ce n’est plus vraiment l’être réel qui est dans le réel, mais sa représentation, où l’on bascule dans la réalité. Et donc avec un prénom vient tout ce qui était cimenté dans l’imaginaire des parents, ou dans leurs fantasmes. Par exemple, le fait d’être violoniste ou astronaute. En réalité, cela veut dire que le sujet est déjà accroché à tout cela dans l’imaginaire des parents. Nous pouvons ouvrir une parenthèse ici, et expliquer pourquoi un parent peut utiliser le mot « déçu ». Parce qu’ils peuvent avoir le sentiment, de ressentir une déception face à leurs attentes imaginaires vis-à-vis de ce que l’on est pour eux, de tout ce qu’ils avaient mis sur les épaules de leur bébé à la base. (Question : peut-on se soustraire à ça ? L’on pourrait émerger de cette problématique en ayant travaillé sur soi, grâce à l’appareil psychanalytique).

 

[1] LACAN, J.  1966 , « Écrits », Paris, Seuil p.864

 

Communication & lecture

Introduction

 

4 systèmes d’écriture (voir cours sur le langage pour revenir à la notion de système) :

  1. La pictographie : qui est le système finalement reconnu comme le plus simple. La signification est directement représentée par le symbole. Le symbole en lui-même n’est pas arbitraire : un chat est représenté par un chat.

 

  1. La logographie : ici on passe au niveau supérieur avec la question du concret et de l’abstrait. C’est-à-dire que certains signes peuvent exprimer quelque chose d’abstrait. Le chinois parfois est considéré comme une semi-logographie.

 

  1. Système syllabique : un signe représente une syllabe.

 

  1. L’alphabétique : en français vous avez 26 lettres.

L’alphabet apparaît vers -3800 av. JC et l’écriture -5400 av. JC. Contrairement à ce qui concerne le langage, le génome n’a pas pu se développer aussi rapidement pour accroître les circuits cérébraux pour la lecture. Mais alors comment faisons-nous pour lire ? C’est Dehaene qui propose une théorie sur le recyclage de zones cérébrales. Ce serait donc selon lui les mêmes neurones qui reconnaissent les objets et qui vont être utilisés pour reconnaître les lettres.

 

 

L’évolution du système d’écriture et de la lecture est très liée à notre capacité à communiquer. Plus les concepts deviennent compliqués et abstraits, plus l’Homme a eu besoin de changer le système anciennement utilisé, car trop contraignant. Par exemple, comme faire passer un message secret dans l’armée si les signes que vous utilisez sont lisibles pour tout le monde ?

 

À savoir :

 

Quand on lit, toutes les zones de l’œil ne sont pas utiles, seulement celle de la fovéa est réellement utilisée. Puisque c’est l’unique zone qui capte le maximum de détails, pour ce qui sert à la reconnaissance.

La conséquence de l’utilisation de la Fovéa pour la lecture, c’est ce que l’on appelle la saccade oculaire, pendant ce mouvement l’œil est en partie aveugle. Il est focalisé sur l’information importante, c’est-à-dire la reconnaissance des signes ou des symboles.

 

 

Il faut des compétences de lecture et de compréhension pour les activités de la vie quotidienne.

Pourquoi comprendre ?

« La lecture est spécifique à l’homme, qui constitue une de ses aptitudes les plus complexes qui intègre beaucoup de choses, le fait de maîtriser des techniques de décodages, de mises en correspondances, des lettres avec des mots, capacités à faire.  

Une analyse syntaxique, accès aux informations en mémoire, interprétations sémantiques, … Aptitude complexe : est fonction d’aptitudes plus basiques. »

 

Communication et compréhension … De quoi parlons-nous ?

 

Les chercheurs ont essayé d’identifier les processus et les opérations par lesquelles les informations sont traitées pour finir par une représentation. La représentation que l’on construit est une représentation des significations qu’exprime le texte quand on  le lit, et d’une certaine manière quand on parle aussi.

3 types de questions vont se poser :

  • Quelles sont la nature et la structure de cette représentation ?
  • Quels sont les processus et les opérations mis en œuvre pour la construire ?
  • Quel va être son devenir en mémoire ?

 

Il faut savoir qu’il y a plusieurs niveaux de représentations, selon Brandford, Barclay et Francks (1972) : « Le sens d’un texte ne se trouve pas en soi dans le texte, il est construit par les lecteurs ». Cela veut dire que pour toutes choses, il faut partir de l’individu pour comprendre la représentation et, plus encore pour comprendre les représentations qu’il s’est fait et qui structure ou construit son discours. Ce qui veut dire que les phrases ne sont pas simplement des faits que l’on débite mais qu’il y a quelque chose derrière ce que l’on appelle certes, de l’information linguistique mais, qui est relié aux connaissances que l’on a engrangées durant notre vie et qui nous permettent de mettre du sens à ce qui est énoncé.

 

3 niveaux de représentations :

 

  1. Représentation de surface : mot exactement employé
  2. Représentation propositionnelle : on peut remplacer par une paraphrase dans laquelle les mots et la structure syntaxique diffèrent mais, préservent le contenu sémantique
  3. Modèle mental : qui est au-delà de ce qui est énoncé par l’autre et par nous-même. Ici on fait référence à ce que l’on nomme l’inférence…

Ces différents niveaux sont importants, parce que cela nous permet de réagir autrement. Une personne qui ne comprend « le second degré » et qui n’a pas la capacité de comprendre l’humour, n’aura pas la même réaction… Comment acquiert-on cela ?

 

Qu’est-ce que l’inférence ?

 

  1. Les inférences de liaison assurent la cohérence, permettant d’établir des liens entre les énoncés successifs. Quand vous parlez de quelqu’un, vous utilisez en premier lieu son nom, puis vous direz il ou elle. Vous inférez que vous parlez toujours de la même personne. C’est pour cela qu’il peut y avoir des quiproquos.
  2. Les inférences « élaboratives » engendrent de nouvelles propositions, Elles peuvent être :
    1. Instrumentales
    2. Causales
    3. Prédictives

 

La connaissance va être un facteur important de la construction d’une inférence. Certaines choses vont paraître extrêmement logiques pour une personne et, pas du tout  pour une autre, parce qu’elles n’auront pas la même connaissance.

L’idée est que nous sommes tous plus ou moins experts d’un domaine et, que cette expertise au moment de la lecture permet d’intégrer les connaissances et de construire un modèle mental ou de représentation, et qui permet une représentation plus riche et donc d’avoir des récupérations plus efficaces.

 

« Comprendre implique la mémoire mais mémoriser n’est pas comprendre. »

 

Communication et Langage

Le langage

 

Comment parle-t-on ? Vous êtes-vous déjà demandé comment vous arriviez à communiquer avec les autres ? Pourquoi est-ce que je communique ? Qu’est-ce que je communique ? Voire, qu’est-ce que les autres essayent de me communiquer. En psychanalyse Lacan a dit qu’il n’y avait pas de communication, pourquoi selon certains penseurs nous ne communiquons pas ? Alors que c’est cette même personne qui a dit : parler c’est être, du coup on « parlêtre ».

Pour un adulte, il faut encore nuancer cette phrase, parler c’est une chose qui se fait facilement, vous réfléchissez et les mots viennent pour exprimer votre pensée. D’ailleurs tous les gens qui disent « je ne le pensais pas quand j’ai dit cela », eh bien c’est impossible en réalité, vous avez forcément dû le penser pour le dire. Par contre vous pouvez avoir des regrets de l’avoir formulé ou même cogité. Nous sommes humains et parfois la pensée peut être dépassée par la colère et c’est donc la vengeance qui nous motivait. C’est très tôt que l’on commence à véhiculer des idées, la première représentation, au final, c’est souvent Maman ou Papa, pour l’enfant. Ce premier mot est déjà une idée. C’est une démonstration de l’esprit de sa capacité à représenter indépendamment de soi un autre. Un autre que l’on peut appeler ou nommer. On peut donc avoir un pouvoir sur lui. Le langage s’installera normalement entre 2 et 4 ans et se développera tout au long de la vie. Nous apprenons de nouveaux mots pour véhiculer au mieux nos émotions, idées, pensées… Faire dans le concret ou dans l’abstrait.

 

Il faut savoir avant toutes choses que le langage est un système. C’est un ensemble organisé de principes coordonnés de façon à former un tout… On parle ici d’un système de communication qui permet de véhiculer notre monde interne par différents biais : parole/ écriture/gestuelle

 

Système Français

 

  1. 33 phonèmes
  2. 40 000 mots générés par ces phonèmes (lexique mental d’un individu, jusqu’à 50 000 avec les noms propres).
  3. Des milliards de phrases à partir de ces mots, tout au long de notre vie

 

Pour votre culture :

 

  1. Qu’est-ce qu’un phonème ?

C’est ce que l’on appelle une unité verbale. Le phonème étant le plus petit, le son de base, qui va permettre de composer un mot. Il y a des exceptions, normalement un phonème en lui-même ne compose pas un mot.

Attention le phonème ne doit pas être confondu avec la syllabe

Pour pouvoir développer les 33 phonèmes il faut s’aider d’éléments encore plus petits qui sont les traits phonétiques.

Les traits phonétiques sont :

  • Lieu d’articulation,
  • Le mode d’articulation
  • Le voisement pour les consonnes. (Le voisement est le fait de faire vibrer les cordes vocales)

À savoir :

  • Pour les voyelles, on a 4 traits phonétiques :
    • La nasalité : orale ou nasale (I = orale)
    • Le degré d’ouverture vocale : ouvert ou fermé
    • Le point de fermeture maximum : antérieur ou postérieur
    • L’arrondissement des lèvres : arrondis ou non

Une étude faite aux États Unis a démontré l’importance dans la facilité de véhiculer un message scientifique et la possibilité de lui accorder du crédit. Cette étude faisait la comparaison entre des gens qui parlaient avec un accent anglais correct et d’autres avec un accent de l’étranger. Il a été montré lors de cette expérience que les gens accordaient moins de crédit aux personnes avec accent, et, que pour réajuster le niveau, il fallait que ces personnes en faisant leur présentation s’excusent de leur accent. Cela vous renvoie à l’idée de norme et de conformisme.

 

  1. Qu’est-ce que les morphèmes ?

Le morphème c’est la combinaison des phonèmes, c’est la plus petite combinaison qui va avoir un sens ou une signification. Cela peut être une partie d’un mot comme le préfixe ou, le suffixe, ou autre, la combinaison des deux voir le mot en lui-même.

Il y a par contre 2 grandes catégories :

  • Les morphèmes liés qui existent toujours en combinaison avec un autre morphème (comme –re),
  • Les morphèmes libres qui peuvent constituer de façon isolée un mot sans être lié à un autre morphème.
    • Exemple :
      • Honteux –  morphème libre
      • Honte et un morphème lié -eux

C’est grâce à la capacité de manipuler les morphèmes que l’on peut créer de nouveaux mots. D’une certaine manière c’est la mécanique du néologisme… ou de l’équivoque dans le langage des oiseaux.

 

Note : On n’est pas forcément capable de générer 40 000 mots mais on peut comprendre 40 000 mots grâce à ces combinaisons.

 

  1. Qu’est-ce que la syntaxe ?

C’est notre capacité à combiner les mots. La syntaxe est différente d’une langue à une autre, elle est donc gérée par un certain nombre de règles qui sont elles aussi différentes du pays d’origine.

C’est grâce à cet ensemble de règles que l’on arrive à faire la distinction dans certains énoncés, exemple :

  • Un chasseur chasse un lapin
  • Un lapin chasse le chasseur

 

Ces règles, vous les connaissez c’est la grammaire. D’ailleurs très récemment en France et aux États Unis, il a été démontré que la grammaire est un processus universel. Donc que nous possédons tous une grammaire, c’est une composante de l’être humain.

(Voir Chomsky)

 

 

  1. Caractéristique universelle du langage, ou qu’est-ce que l’on peut appeler un langage ?

Pour cela il faut prendre en compte 7 points :

  1. La sémantique
  2. L’arbitraire du signe
  3. La productivité (combinaison)
  4. Le déplacement (représentation)
  5. La transmission culturelle
  6. L’usage spontané
  7. La double articulation (phonème/morphème)

 

 

Juste pour voir si vous suivez !

Je fais cette petite blague souvent en thérapie quand on me pose la question de ce que l’on apprend en psychologie… Je parle des cours les plus étranges que j’ai pu y recevoir, comme celui sur les abeilles… bonne lecture

  • La danse des abeilles

L’abeille fait une « danse frétillante » avec des caractéristiques différentes :

  • L’angle de la danse qui indique la direction de la source de nourriture en fonction du soleil et de la ruche.
  • Vitesse de la danse qui est inversement proportionnelle à la distance de la nourriture (plus la source est proche plus la danse est rapide)

On détecte différents dialectes chez l’abeille, ces danses ne sont pas les mêmes suivant la famille d’abeilles.

Michelsen construit un robot qui stimule une abeille danseuse : on observe que les vraies abeilles vont se déplacer vers la source, donc cela élimine que l’abeille utilise des indices olfactifs et que ce n’est que la communication.

 

Question les abeilles parlent-elles ?

Merci de répondre à cela en faisant un comparatif en 7 points tel que je viens de vous le proposer.

 

Conclusion

  • Le langage est universel, il n’y a aucun peuple qui ne parle pas.

 

« On a un système d’acquisition du langage inné et s’il n’est pas stimulé assez tôt on aura toujours des retards de langage. Le système est inné mais il a besoin de la stimulation de l’environnement pour se mettre en place. La flexibilité d’un tel système est importante ».

 

Le sommeil : Du Rêve à L’individuation

Il y a des phénomènes bien étranges dans l’existence, mais celui du changement est peut-être l’un des plus particuliers. Au travers de cet article, nous essayerons de comprendre, comment deux mots peuvent faire évoluer votre conception du monde et de son fonctionnement ?

Ces deux mots se trouvent être : anthropologie et rêve. En les associant une nouvelle discipline apparaît, une discipline qui va nous forcer à découvrir l’homme sous un nouveau jour. L’anthropologie du rêve est peut-être l’une des sources les plus abondantes de ce fameux changement. Ainsi, cette perspective met en relief notre passé, nous permet de comprendre notre présent et, aussi peut-être, d’entrevoir notre futur : nous savons tous qu’au travers de la connaissance de nos erreurs, nous pouvons orienter notre avenir. La question souvent posée, quand on parle du rêve en société, est de savoir quelle en est sa fonction. Est-il si important de rêver quand on sait que les manchots peuvent se passer de dormir pendant plusieurs mois ?

Le rêve, du plus loin que l’on s’en souvienne… L’antiquité.

Pourquoi devons-nous remonter si loin pour comprendre le rêve ? Tout simplement parce que le rêve n’a pas la même signification, représentation, ou encore, sens pour nous que pour les personnes de jadis. Il nous faut donc chercher à interpréter ce qu’il a été, pour concevoir ce qu’il est aujourd’hui et, d’une certaine manière savoir ce qu’il n’est pas.

L’antiquité est une période de notre histoire. Alors que j’en parlai avec un très jeune patient, celui-ci me demanda la différence entre l’antiquité et la préhistoire. Pour lui, la préhistoire était : ce qui se passe avant le fameux « il était une fois… » Et pour être franc, ce n’est pas totalement faux, si l’on y réfléchit. Il était une fois, c’est le commencement d’une histoire. Cela pourrait, même d’une certaine manière, être le commencement de notre histoire à tous, les êtres humains. C’est finalement le temps d’avant l’écriture. L’antiquité est donc le moment où le symbole physique, soit l’écriture, est apparu et nous a permis de transmettre autrement notre histoire. Il se passe donc ici quelque chose d’important, la marque laissée dans la pierre ou sur le papier, n’est plus éphémère. C’est une trace visible. On peut constater une chose, la trace que l’on laisse ne correspond pas forcément à la réalité. Il faut donc prendre conscience, qu’ici l’être humain était capable de prendre connaissance de l’écart entre le désir et la réalité.

La question qui va nous guider, ici, est de savoir quelle représentation, les gens avaient du rêve pendant l’antiquité ?

L’arbre généalogique des dieux du sommeil…

Une des grandes différences entre le grec et le français, c’est la traduction vis-à-vis de la production de rêve. Ainsi en français l’on va dire : « je fais un rêve » et en grec :  » je vois un rêve ». Dans l’antiquité, le rêve était interprété par la présence des dieux, et toute la mythologie a bien des sens cachés.

Oneiros est le premier des rêves que l’on peut recenser dans l’arbre généalogique. Mais contrairement aux autres, il n’a visiblement jamais reçu de culte. Il est d’ailleurs représenté comme un être double, qui apporte les rêves aux hommes par, ce que les Grecs appellent, la porte du vrai. Il faut avoir été initié au rêve pour en comprendre le sens.

Un point essentiel que nous aborderons dans un prochain article sur la fonction du rêve aujourd’hui, c’est l’importance du sommeil pour comprendre le rêve. D’ailleurs les Grecs l’avaient bien compris et avant de pouvoir rêver, il faut pouvoir dormir. Et la aussi il y a un dieu, Hypnos, qui est donc le dieu du sommeil. Hypnos est également considéré comme étant le gardien de la nuit, celui qui reste éveillé quand le monde est endormi. Il n’est pas le fils de n’importe qui, il est l’un des fils de Nyx, qui est elle-même la déesse de la Nuit. Par ailleurs, il est aussi, selon l’Iliade, le frère jumeau de Thanatos, qui est le dieu de la Mort. Ce qui, dans la représentation, n’est pas anodin, car il associe le sommeil à la mort. Ne dit-on pas : « dormir c’est comme une petite mort ». D’ailleurs le mot Hypnos, gravé sur les tombeaux, désigne l’éternel sommeil.

Oneiros, n’est pas le seul dieu des rêves, je vous donne un indice, que dit-on quand l’on va se coucher ? : » je vais dans les bras de… » Morphée », selon les récits le fils du sommeil et de la nuit (donc d’un inceste). Il a pour devoir d’endormir les mortels.

Nb : Il est l’étymologie de la drogue bien connue la « morphine », en raison de ces propriétés soporifiques ;

Pour terminer l’arbre généalogique des dieux qui s’occupent du rêve et du sommeil, nous sommes obligés de parler de l’oncle de Morphée, les frères jumeaux du sommeil et le fils de la nuit : Thanatos. C’est la personnification de la mort. Dormir, finalement, de tout temps, a représenté la peur ultime, qui est celle de mourir. Les représentations iconographiques de ce dieu sont extrêmement symboliques, il faut le savoir, ainsi on le retrouve souvent une faux à la main, parce que cela symbolise le fait que la vie peut être moissonnée comme le blé de l’été.

Nb : Le sommeil et la mort sont jumeaux et constituent deux présentations de la même condition du soi. (Cratère en calice attique d’Euphronios, Grèce, VIe siècle av. J.-C., exposé au Metropolitan Museum, New York).

Le rêve dans le passé antique ?

Nous avons pu constater, grâce aux nombreux et divers récits de rêves sur les dieux, une explication commune à cette activité. Elle serait donc d’abord prémonitoire. Le rêve devient un lieu où l’on nous apporte des réponses. C’est un endroit entre deux ou l’on vient nous rendre visite, où les dieux viennent jusqu’à nous, pour nous délivrer leur message. Celui-ci est divin et double, il peut y avoir plus de réalité que ce qui se passe dans la journée à l’état de veille. Il peut nous apprendre que l’on est un simple homme ou un héros… Mais c’est aussi pour eux un phénomène tout aussi objectif que la gravité pour nous.

Mais n’est-il que ça ? Que s’est-il passé quand les hommes ont commencé à voyager, à guerroyer, et donc, à se confronter à d’autres cultures, ou tout simplement à l’autre ? Qu’est-ce que le mélange des sociétés a permis ? Découvrez-le dans le prochain article sur la fonction du rêve à travers le temps…

 

Bibliographie

  1. Andrieu Bernard, « Introduction »,  La neurophilosophie, Paris, Presses Universitaires de France , «Que sais-je ?», 2007, 128 pages URL : cairn.info/la-neurophilosophie–9782130564287-page-3.htm.
  2. Charles Boudouin L’œuvre de Jung et la psychologie complexe, Paris, Payot, 1963.
  3. Claude Debru, Neurophilosophie du rêve, Herman, Paris, 1990
  4. Allan Hobson, Edward F. Pace-Schott et Robert Stickgold, « Dreaming and the brain : toward a cognitive neuroscience of conscious states », Behavioral and Brain Sciences, n° 23-6, 2000.
  5. Allan Hobson (1989), Le cerveau rêvant, Gallimard, 1992 pour la traduction
  6. Elizabeth Hennevin-Dubois, « Qui dort mémorise? », La Recherche, Hors série n° 3, 2000, pp. 18-24. ; Robert Stickgold, « Sleep-dependant memory consolidation », Nature, n° 437, 2005, pp. 1272-1278.
  7. Michel Jouvet, « Paradoxical sleep : is it the guardian of psychological individualism ? », Canadian Journal of Psychology, n° 4-2, 1991, pp 148-168
  8. Michel Jouvet, Le Sommeil et les rêves, Paris, Odile Jacob, 1992, p. 187
  9. Hayat Michaël, « L’enracinement biologique de la pensée : de Diderot aux sciences contemporaines », Le Philosophoire 3/2003 (n° 21) , p. 41-64 URL : cairn.info/revue-le-philosophoire-2003-3-page-41.htm. DOI : 10.3917/phoir.021.0041.
  10. Meerlo P, Mistlberger R, Jacobs B, Heller H, McGinty D. New neurons in the adult brain: The role of sleep and the consequences of sleep loss. Sleep Med Rev. 2009;13:187–194. [PMC free article] [PubMed]
  11. Françoise Parot, « De la neurophysiologie du sommeil paradoxal à la neurophysiologie du rêve », Sociétés & Représentations 1/2007 (n° 23) , p. 195-212 URL : cairn.info/revue-societes-et-representations-2007-1-page-195.htm. DOI : 10.3917/sr.023.0195.
  12. Françoise Parot auteur aussi : de L’Homme qui rêve (Paris, PuF, 1995), Cent mots pour comprendre le rêve (Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 1995), elle a dirigé Du rêve au sommeil paradoxal (Lausanne, Delachaux et Niestlé, 2001)

le langage des oiseaux

le langage des oiseaux, à la recherche du sens perdu des mots

Voilà encore un nouveau livre sur la question de la langue et du langage. Nous pensons tous parler tous, nous pensons tous communiquer, et beaucoup d’entre nous s’imaginons bien le faire, mais qu’en est-il vraiment de nos capacités de comprendre l’autre au travers de ce qu’il nous conte ?

Après plusieurs années de pratique de la psychologie, je peux vous dire d’expérience que notre vieux Papi Lacan, avait peut-être bel et bien raison, il n’y a pas de communication entre les hommes… Tout le monde partant de l’idée que l’autre va comprendre ce qu’il va dire et réussir à entendre, sans même se poser la question… Est-ce que je suis compréhensible ?

 

Divan : 9/10

 

Résumé :

Après 33 ans d’enseignement de la littérature, je me méfie toujours du sens obligatoire des mots et, ces dernières années, je me suis tourné tout naturellement vers une langue ancienne qui utilise les procédés de la langue imagée afin d’aider le lecteur à trouver le sens du réel au lieu de le lui dire en l’assommant avec le sens « propre ». Cette langue du Moyen Âge, c’est la langue des oiseaux et il m’est apparu qu’elle reste très moderne puisque je ne suis plus sûr que la mentalité médiévale soit si loin que cela…

La langue des oiseaux, c’est la langue des anciens alchimistes qui l’employaient afin d’exprimer un propos transgressif sans se faire emprisonner ou tuer par les bonnes âmes de l’époque. Avec leur utilisation des jeux de mots, des rébus, des expressions populaires, avec leur emploi des mots dans leur sens étymologique ou leur invention de néologismes de ceux qui l’imposaient. Ils montraient un nouveau sens, une nouvelle façon de comprendre la réalité.

À mon tour, j’emploierai dans ce livre leurs procédés d’une langue multiforme pour expliquer ce monde qui me semble avoir plusieurs sens. Le but n’est plus celui de la rigidité du sens, au contraire. La loi de l’analogie est donc remise à l’honneur pour rapprocher des catégories créées artificiellement. La division entre une langue prétendument claire et une langue dite imagée n’a pas lieu d’être. C’est une différence d’emploi et d’interrogations plus que de vérité des mots.

La langue des oiseaux est la langue de la liberté de parole, la langue de l’ouverture d’esprit, la langue d’un ancien dépôt de sagesse. C’est, dans les deux sens du terme, une langue spirituelle.

 

Auteur : Baudouin Burger édition : Louise Courteau éditrice prix : 19€

Lacan et l’éthique de la psychanalyse : Peter le rêve de Wendy – 2


Attention, c’est une approche naïve, qui mériterait un approfondissement… c’est un texte qui propose une première vision revue de la psychanalyse des contes de fées.


 

1.     Problématique

 

Qu’est-ce que : « ne pas céder à son désir », si le désir c’est toujours le désir de l’autre, ne pas céder à son désir qui nous habite, comme du désir de l’Autre qui nous habite, voulait dire ne pas céder sur le désir du père ? Puisque la métaphore paternelle serait ce qui permet dans l’aliénation du désir du sujet dans la dimension du langage en instituant une structure de division subjective ?

Peter Pan ou le pays imaginaire, comme sinthome de Wendy ? Qui ne pourrait réussir à entendre une phrase, dans un « surtout mais pas ça ».

2.     Réflexion

 

a.     Au début il y a la famille

Et si effectivement l’histoire de Peter Pan, n’était qu’un songe, et si c’était le cas ne voudriez-vous pas savoir ce que le rêve de Wendy avait à nous dire ?

L’épopée fantastique dans le monde imaginaire, d’une jeune fille en pleine transition, face à un choix. Un deuil va être demandé, une perte symbolique va être exigée, une livre de chaire va devoir être payé. À moins que telles certaines Héroïnes, elle décide de céder face à un désir qui pourrait l’engloutir ?

Son monde bascule un soir où son père décide arbitrairement de changer les règles de la maison, fâché, à la recherche de ces « bijoux ». Bijoux de la famille qui ont été cachés par les frères comme un trésor. Il décide qu’il est temps pour Wendy de « sortir de la chambre des enfants ». Cette phrase, est une drôle de phrase équivoque, nous pouvons y voir un sous-entendu. « La chambre des enfants de qui ? », pourquoi était-elle dans la chambre de ses frères. En parcourant les différents textes pour la recherche sur ce devoir, nous sommes tombés sur une idée intéressante à soulever dans le corps de cet exercice : « le langage a essentiellement pour fonction d’identifier le sujet. C’est cet effet d’identification qui lui permettra de se compter dans l’ordre symbolique en se situant comme mortel est sexué », Marc Strauss, en nous lisant Lacan, nous indique que c’est visiblement à partir du dire et du langage du père que quelque chose vient à être symbolisé, à Wendy. Ce quelque chose est effectivement sa place, son rang et son genre. Ainsi dans la famille, elle ne serait plus une enfant indéfinie sans sexe, mais bel et bien une jeune femme en « de-venir ».

Ce qui est dans un premier temps paradoxal, dans le dessin animé de Disney, Il faut comprendre que le père est tourné au ridicule, voir qu’il n’a pas de place véritable. Wendy semble même ignorer ce que le père aurait à dire. Il lui faut se fâcher pour que l’ensemble du groupe : mère – frère – Wendy et nana – entende sa parole : « Wendy doit avoir sa chambre est grandir ». Lacan nous dit vis-à-vis des philosophes anglais « qu’ils ne s’imaginent pas que les pulsions c’est l’écho dans le corps du fait qu’il y ait un dire… Ce dire pour qu’il résonne, qu’il consone, autre mot du sinthome madaquin, il faut que le corps y soit sensible. Qu’il l’est, c’est un fait. C’est parce que le corps a quelques orifices, dont le plus important est l’oreille, parce qu’elle ne peut se boucher, se clore, se fermer. C’est par ce biais que répond dans le corps ce que j’ai appelé la voix » (p. 17) d’une certaine manière personne ici, ne semble prendre conscience qu’il y a possible émergence pulsionnelle pour une jeune femme en « de-venir », il n’y a pas de juste mesure et précaution. Il faut comprendre ici dans le jeu de mots Lacanien, que le « Nom du père » a « un effet, (il) est le répondant symbolique de ce manque, mais il ne suture pas pour autant ce qui manque à cet Autre, manque à dire, qui a pour nom : la jouissance… Le Nom du père sépare, il sépare le sujet et l’Autre de la jouissance, il fait de l’Autre signifiant du corps un désert de jouissance… ». Ce qui nous fait dire à la suite de l’injonction ou dire du père vient donner un sens nouveau à « l’exi-stence » de l’enfant. Un sens qui ne semble pas pouvoir être entendu, non seulement par l’enfant lui-même, comme pris dans quelque chose de déchirant et traumatique, et par le reste du groupe.

 

b.     Puis ensuite il y a Peter Pan

C’est après le départ que le protagoniste du rêve de notre héroïne surgit dans l’ombre, à la recherche de la sienne. Étrangement, ce n’est pas le visage d’une gentille fée qui nous est présenté, mais celui d’un esprit presque démoniaque ou malin. Malin dans l’équivoque que cela pourrait présenter, malin comme intelligent ou malade… Un esprit malade ?

Peter Pan traque son ombre que la gouvernante a réussi à attraper et que Wendy à tout de suite reconnu comme étant celle de Peter. Dans un mouvement de générosité, naïf de l’enfant Wendy l’aide à raccommoder son ombre, qu’elle et lui, ne soient comme « plus jamais diviser ». En discutant les deux protagonistes découvrent qu’ils vont l’un comme l’autre être privé de quelque chose qui leur semble essentielle. Wendy en étant sommé de devenir adulte ne pourra plus raconter d’histoire, sur le monde imaginaire de Peter. Et donc il ne pourra plus venir les écouter lui aussi. Il décide de l’emmener. Wendy « enchanté » veut embrasser Peter, elle en sera empêchée par la jalouse Fée Clochette. Mais finalement, l’une des questions qui nous semble essentielle, c’est de savoir qui est-ce : Peter et qu’a-t-il à dire ? Si ce n’est jouis, jouis encore est toujours ne te sépare pas ?

 

c.     La Fée Clochette

Dans le rêve de Wendy, nous pensons que cette petite fée, serait ni plus ni moins qu’une représentation idéale de la représentation de la « Femme », il y a quelque chose de l’image qui se dérobe « l’individu se présente comme il est foutu, comme un corps. Et ce corps à une puissance de captivation qui est telle que jusqu’à un certain point ce sont les aveugles qu’il faudrait envier »[1] (p. 18). D’ailleurs avec humour, personne ne peut comprendre ce qu’elle dit, à part Peter Pan lui-même. En tout cas Wendy n’entend que le bruit d’une cloche. N’y a-t-il pas quelque chose qui cloche dans ce dire féminin poussé à l’extrême ? Féminin qui en finit par en être effrayant puisque, ce qui est intéressant, avec ce personnage c’est qu’elle représente le stéréotype même de la femme sexy, au service érotomaniaque de Peter Pan. Nous suivons une petite « fé-mm-e », qui a la jalousie qui la consume au point d’avoir un désir de mort envers Wendy. Et d’essayer de la faire tuer, et quand cela échoue et qu’elle se fait bannir du pays imaginaire par Peter, prisonnière du Capitaine, elle collaborera encore pour continuer d’essayer de la tuer.

Il n’y a là ni notion de bien et de mal, le personnage de la fée est soustrait aux problématiques terre à terre de l’humanité. Faute, culpabilité, punition, ne semble pas être une problématique pour elle. Après tout c’est un être autre, des conventions, d’une représentation de représentation. Il est intéressant de relever que dans la mythologie féerique, les fées ne sont pas soumisses au même système de valeur que celui des hommes. Souvent cela est justifié par leur rapport au temps, qui n’est pas le même que pour celui de l’homme. Ainsi les fées sont souvent des êtres immortels, nés de l’union du bien et du mal, d’un ange et d’un démon, et donc « im-morale ». Le bien le mal, prend, semble-t-il, un sens tout nouveau, pour une créature qui ne pourrait comprendre un monde soumis à l’angoisse de mort.

Une autre question qui se pose ici, est de savoir si nous sommes, bien dans le rêve de Wendy, et que la fée clochette essaye de la tuer. Qu’est-ce que cela vient dire de ce petit personnage ? Ne serait-ce pas là l’une des interventions de Lacan. Dans l’idée que « tu es ce que tu es » ? Du coup ne faudrait-il pas entendre que la représentation de la femme dans le rêve cherche à tuer Wendy l’infans. De même, nous pensions dans un premier temps que la fée cherche à éloigner Wendy dans une forme de jalousie, mais si l’on interprète littéralement, elle veut empêcher Wendy d’être avec Peter, et donc ne veut-elle pas en réalité empêcher l’infant de rester avec sa jouissance ?

 

d.     Ensuite nous avons le capitaine Crochet et…

Dès leurs arrivés au pays imaginaire, que nous imaginons somme tout, comme un pays merveilleux, ils sont attaqués par le capitaine crochet.

 

Il nous est présenté un homme obnubilé par Peter Pan, il veut se venger d’un combat perdu, qui lui aurait coûté sa main. Main que Peter pour s’amuser lui aurait coupée pour la donner à manger au crocodile.

Nous pourrions entendre ici que le Capitaine est la représentation de l’idée du manque à être, il y a un manque chez l’autre un manque qui le dévore. Le capitaine crochet cour après quoi : Peter. Pourquoi court-il après le personnage qui représente la jouissance ? Dans l’histoire on nous dit que le capitaine cherche à tuer Peter pour se venger. Mais est-ce que c’est véritablement de cela dont il s’agit ? Le capitaine crochet serait d’une certaine manière la représentation comme nous l’avons dit qu’il y a quelque chose qui manque chez l’autre, et donc dans ce sens-là, si cela manque chez lui cela pourrait manquer chez Wendy. La colère qui divise d’une certaine manière le capitaine serait à l’encontre de cet être de jouissance, qui se refuse lui à manquer, il court désespérément après cette jouissance malsaine, ne pouvant s’empêcher de rejouer encore et encore la même scène avec Peter. Il y a quelque chose ici qui ne tient pas, qui ne fait pas capiton. Il manque d’une limite, celle de la tempérance.

Il faut comprendre, selon nous, ici que le capitaine, n’est pas un personnage simple, il est, aussi, affublé du crocodile à ventre qui fait tic-tac et de M. Mouche voix de conscience, comme une sorte de Jiminy criquette, version pirate. Le crocodile symboliserait dans la figurabilité du rêve, cette mère qui dévore et qui ne manque de rien, elle ne manque pas de temps, puisque c’est elle qui le possède dans son ventre.

Nous pourrions comprendre ici que la représentation phallique chez Wendy, ce dire qui ne peut pas être dit serait d’une certainement manière : le temps. Elle manque de temps et fuit dans un monde imaginaire, qui dans certaines traductions se nomme « jamais-jamais », nous pourrions donc dire ici, un jamais ça !

Beaucoup d’auteur présente, le capitaine comme un père castrateur, celui d’une mythologie bien connue. Il serait l’un des dieux perdus dévoreur de temps : Chronos. Pourtant d’une étrange manière ce n’est peut-être pas ce qu’est le capitaine crochet. Mais alors que serait-il ? Nous émettons l’hypothèse qui n’est qu’une voix qui essayerait de s’immiscer, pour séparer, non pas ce qui ferait peur à Peter, mais plutôt ce qui effrayerait Wendy. Le crochet qui cherche à crever une bulle celle de l’imaginaire, et de retenir, pour faire comme point de capitaine, pour que, quelque chose de l’ordre de la répétition cesse.

 

e.     Les enfants perdus ou céder sur son désir… ?

Petit rappel de l’histoire : Ces frères se font kidnapper par les Indiens qui pensent que Peter est responsable de la disparition de la fille du chef, alors même que c’est le capitaine crochet. De-là nous retrouvons Crochet et Peter qui se livre une bataille, qui semble plus tourner au jeu et ne se pose en aucune façon la question de sauver la pauvre indienne qui se noie. Tel un jugement ordalique, la petite indienne est jugé coupable, mais de quel crime ?

Lacan, remarque le 18 novembre 1959 : « C’est à rien de moins que l’attrait de la faute… C’est bien une faute que nous désignons qui se trouve sur le chemin de ce besoin, et qui est recherchée pour obtenir cette punition » (p. 10), plus loin il finit par nous ramener à notre sujet en disant « Dieu, comme auteur de la nature, est sommé de rendre compte des plus extrêmes anomalies… Ce défi, cette sommation, cette ordalie ne devait pas permettre d’autre sortie que celle qui s’est trouvée effectivement réalisée dans l’histoire. Celui qui se soumet à l’ordalie en retrouve au dernier terme les prémisses, à savoir l’Autre devant lequel cette ordalie se présente, le Juge en fin de compte de ladite. »[2] (p. 12).

Nous pourrions ici, nous dire que Wendy est-elle Freud une coriace que veut aller au bout du savoir que pourrait lui livrer son rêve. En le faisant perdurer, elle ira jusqu’à dépasser et rejouer la scène. Alors que la petite indienne est vouée à la mort, Wendy est prête à subir le même sort mais pourquoi ?

Comme nous l’avons dit dans le résumé, Wendy ne souhaite en aucune façon passer sa vie au pays imaginaire avec les enfants perdus, et rappelle l’existence de leurs parents, et plus exactement de ce qu’est une maman. La version de la chanson française, nous parle des mères qui apprennent à leurs enfants le besoin d’aimer. Tous (les enfants perdus) décident de partir avec Wendy retrouver leur mère. Peter boude ! Ils se font capturer par le capitaine crochet, obnubilé par son Peter Pan. Wendy se transforme en héroïne en décidant de se sacrifier et de ne pas céder au capitaine. Ainsi on nous montre Wendy sur la planche ayant refusé de signer le « contrat social », offert par le capitaine.

Elle peut devenir le héros de son propre mythe, en transgressant les limites, « Tu t’en vas vers la mort ne connaissant pas ta propre loi. Antigone sait à quoi Elle est condamnée à jouer, si l’on peut dire, dans un jeu dont le résultat est connu d’avance »[3].

Ce qui nous questionne, c’est quel savoir peut-elle en tirer, et en particulier sur sa propre mort, ou en réalité sur sa propre vie ?

Dans un article de 2013 Fulchiron, H. Rassial, J., nous, indique que « l’héroïsme se définit avant tout par la prise de risque mortelle. Mais une prise de risque qui n’est pas sans recherche de gain, le héros grec y gagne deux choses : l’immortalité que lui assure une métamorphose… La renommée, qu’il faut entendre comme se faire un nom »[4]. Wendy donc telle Electre ou Antigone semble être un personnage, qui sait à quel jeu/je elle joue. Comme nous le présente, Lacan sur les personnages Sophocléen. Ce sont des personnages « situés d’emblée dans une zone limite, entre la vie et la mort. Le thème de l’entre-la-vie-et-la-mort est d’ailleurs formulé comme tel dans le texte, mais il est manifeste dans les situations ».[5]

Philippe Julien nous dit « seul le beau en effet peut faire limite à la jouissance maligne : ‘barrière extrême à interdire l’accès à une horreur fondamentale’[6] Dit Lacan, celle de la méchanceté. La beauté, parce qu’insensible à l’outrage, interdit l’obscénité et l’impudeur »[7]. Ce qui Voudrait dire en réalité ici, que le geste de Wendy dans son rêve de se sacrifier pour ces frères et pour son désir, s’apparenterait à la beauté – la beauté du geste – par la Wendy, montre quelque chose à Peter qui le fait céder et décide de ramener tout le monde. Wendy s’est fait maîtresse de sa jouissance malsaine. Elle accepte ici de perdre quelque chose de l’éternité, et perdre l’image, ce reflet de l’autre qui ce reflet a l’infini et qui représente un gouffre sans fin/faim. D’ailleurs, si nous continuons sur la littéralité du rêve de Wendy le capitaine crochet, marche sur l’eau pour éviter d’être engouffré entier dans la bouche du crocodile. Avec humour, le voit être mangé et ressortir, sans ou avec l’horloge. Le père comme la mère symbolique, se poursuit en se repassant le phallus, un jeu qui finalement ne l’est concerné qu’entre eux, au dessus et en deçà de l’eau… L’eau qui semble représenter qu’une « chose » ou deux, un das ding ou un Grand Autre ? Là, seule Wendy pourrait nous dire.

 

Cependant, elle est sauvée par Peter qui n’est effectivement pas mort dans l’explosion fomentée par le capitaine grâce à la trahison de la fée clochette.

Un nouveau combat entre les deux protagonistes, terminera par le capitaine tombant dans l’eau, que le crocodile essaye de manger. Peter accepte de mauvaise grâce de ramener tout le monde chez lui.

 

1.     Conclusion

Les parents retrouvent Wendy devant la fenêtre, qui raconte son aventure au pays imaginaire et qui dit cette phrase intéressante, « nous sommes rentrés mais c’était trop pour les enfants perdus ». Elle dit finalement accepter ce nouvel avenir qui est le sien, le désir du père, qu’elle devienne adulte. Tout en ayant franchi la barrière équivoque d’un désir du père œdipien. Pour cela le rêve lui offre la possibilité de mettre en mot/mort, un dire qui n’avait pas de sens. La séparation de l’enfance pour l’âge adulte et l’arrivée de la sexuation.

 

Il apparaît une grosse lacune dans cet écrit. Ainsi le manque de vision sur une globalité de la théorie lacanienne, entraîne ici, quelque chose de l’ordre d’une frustration, qui ne pourrait être travaillé qu’en transformant cette question en sujet de mémoire ou de thèse. Et s’il était possible de relire les contes, à partir de la psychanalyse lacanienne. Une ouverture nouvelle pourrait nous permettre de comprendre avec le jeu du poète de comprendre et de déplier les aspects parfois complexes de sa théorie. N’oublions pas que les contes à la base n’étaient pas un écrit mais un oral, pris dans le discours de l’autre, qui on a terminé par être épanché sur le papier et s’inscrire dans la lettre.

Il y a donc des aspects qui manqueront, des zones d’ombre, ombre qu’il faudrait rattacher pour éclairer…

 

 

 

 

Bibliographie

 

Jacque Lacan :

  • Écrit, page 776
  • Livre III du Séminaire, Les psychoses (1955-1956), Paris, Le Seuil 1981
  • Livre VII du Séminaire, L’éthique de la psychanalyse (1959-1960), Paris, Le Seuil, 2001.

Autre Bibliographie

 

  • Fulchiron, H. & Rassial, J. (2013). L’héroïsme à l’adolescence comme mise à l’épreuve des théories infantiles sur la mort. Topique, 125, (4), 111-123. doi : 10.3917/top.125.0111.
  • Freud S. (1911c), « Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa (Dementia paranoïdes)(Le Président Schreber) », trad. M. Bonaparte et R. Loewenstein, in Cinq psychanalyses, Paris, puf, 1954
  • Freud (S.) (1928), Malaise dans la civilisation, Paris, PUF, 1992.
  • Philippe, J. (1990) Pour lire Jacques Lacan, Le retour à Freud, Paris, epel.

 

[1] Séminaire VII

[2] Séminaire VII

[3] idem.p325

[4] Fulchiron, H. & Rassial, J. (2013). L’héroïsme à l’adolescence comme mise à l’épreuve des théories infantiles sur la mort. Topique, 125,(4), 111-123. doi:10.3917/top.125.0111.

[5] Séminaire VII. p.317

[6] Ecrit, page 776

[7] Philippe, J. (1990) Pour lire Jacques Lacan, Le retour à Freud, Paris, epel.

Lacan et l’éthique de la psychanalyse : Peter le rêve de Wendy 1

1.     Résumé de l’histoire de Peter Pan

 


Attention, c’est une approche naïve, qui mériterait un approfondissement… c’est un texte qui propose une première vision revue de la psychanalyse des contes de fées.


 

L’histoire commence en nous présentant une famille, il y a la mère, le père, les deux petits frères et Wendy, ainsi qu’un animal : nana la gouvernante, qui est une chienne. Bien entendu il y a Peter Pan, enfant fée dans l’histoire de Disney, toujours accompagné par la fée clochette.

L’histoire nous dit que Wendy est la détentrice des histoires de Peter Pan. Histoire qu’elle raconte à ses jeunes frères.

Nous découvrons un P.P. qui est à la recherche de son ombre et qui à besoin de la rattacher. D’ailleurs Wendy lui dit bien qu’un homme sans son ombre, ne finit jamais bien. À partir de là, Peter décide d’emmener avec lui Wendy. Un autre élément décisif pour P.P. c’est quant elle lui a révélé, qu’en colère son père a décidé qu’elle devait avoir sa chambre à elle, et donc sortir de la « chambre des enfants ». Idée intolérable pour Peter, parce qu’il venait écouter les histoires de Wendy avant de dormir, qu’ensuite il raconte à son tour aux enfants perdus au/du pays imaginaire. Wendy décide d’entraîner avec elle ces frères dans ce voyage (imaginaire). Ainsi, ils arrivent tous dans ce pays, et commence par rencontrer le capitaine crochet et son navire. Le capitaine crochet s’en prend dès le commencement à Peter, ce dernier ne semble désirer qu’une chose « tuer » Peter Pan.

Il nous est raconté sur Crochet qu’il a perdu sa main lancée au crocodile qui à une horloge dans le ventre, par Peter, qui voulait juste s’amuser…

Le personnage de la fée clochette semble nourrir des sentiments agressifs envers Wendy, et nous assisterons à différentes tentatives pour la tuer, et n’en éprouvant aucun remords. Ils rencontreront les sirènes qui chercheront aussi à la noyer… Ces frères se font kidnapper par les Indiens qui pensent que Peter est responsable de la disparition de la fille du chef, alors même que c’est le capitaine crochet. De là nous retrouvons Crochet et Peter qui se livre une bataille, qui semble plus tourner au jeu (je) et ne se pose en aucune façon la question de sauver la pauvre indienne qui se noie. Ce sont les avertissements de Wendy qui rappelleront Peter Pan au bon souvenir de la future noyée.

Les mésaventures continues, Wendy ne souhaite en aucune façon passer sa vie au pays imaginaire avec Peter, et se rappelle l’existence de leurs parents, et plus exactement de ce qu’est une maman. La version de la chanson française, nous parle des mères qui apprennent à leurs enfants le besoin d’aimer. Tous (les enfants perdus) décident de partir avec Wendy retrouver leur mère. Peter boude ! Ils se font capturer par le capitaine crochet, obnubilé par son Peter Pan. Wendy se transforme en héroïne en décidant de se sacrifier et de ne pas céder face au capitaine. Elle est sauvée par Peter qui n’est effectivement pas mort dans l’explosion fomentée par le capitaine grâce à la trahison de la fée clochette, rappelons le jalouse de l’intérêt de Peter pour Wendy.

Un nouveau combat entre les deux protagonistes, terminera par le capitaine tombant dans l’eau, que le crocodile essaye de manger. Peter acceptera de mauvaise grâce de ramener tout le monde chez lui.

Les parents retrouvent Wendy devant la fenêtre, qui raconte son aventure au pays imaginaire et qui dit cette phrase intéressante, « nous sommes rentrés mais c’était trop pour les enfants perdus ».

 

 

 

 

 

2.     Introduction

 

Au commencement de la réflexion, était une consultation où un patient fait une équivoque que je relève et lui répète. Il n’entend pas et fait une remarque « c’est encore l’une de vos équivoques, un mot est un mot, je ne crois pas que ça veuille dire autre chose », je lui réponds « vrai-ment », lui « oui le vrai peut mentir, c’est vrai ça » me répond-il spontanément… Il s’arrête… Et je lui dis « celle-ci effectivement c’était mon équivoque ». Cela ne va pas sans nous faire rappel au mot de Lacan séminaire III « Le sujet entend-il avec son oreille quelque chose qui existe ou qui n’existe pas ? Il est bien évident que ça n’existe pas… » (p. 293)

Nous avons dû reprendre ensemble ce qu’est une équivoque au sein de la thérapie ? Voilà une petite énigme qu’il lui a été donné de relever. Je lui dis qu’y a-t-il derrière l’onglet information personnelle dans le menu sur un site web. Il me sourit, comme toute excité par ma question, est d’un seul coup ce met à m’expliquer la théorie lacanien. L’inconscient structuré comme un langage, et si les pages d’internet avaient un inconscient ?

L’idée est simple, me dit-il, il faut comprendre qu’internet est à la base une forme de langage (d’ailleurs une forme réductible en langage mathématique). Et derrière les mots, les images, et autre il y a un ou du code. Code qui permet une fois assemblé, de donner des mots que nous lisons. Je lui demande « mais ce code, on ne le voit jamais ». Et là il me dit « bah si, quand il y a un bug dans le système, sa ripe, et du coup ça dit quelque chose ». Le plus drôle dans tout cela c’est qu’il dit ne pas s’intéresser à la psychanalyse, et pourtant il me donne presque l’impression d’en savoir bien plus que moi sur cet inconscient structuré comme un langage.

Et la métaphore ne s’arrête pas là, il continue de raconter son histoire. Au commencement de l’internet il y a un homme, une femme… Un langage… Un codage… Une grammaire et une conjugaison… Qui peut devenir extrêmement complexe ou extrêmement simple. C’est-à-dire que vous pouvez avoir des paragraphes entiers que l’on peut finalement réduire à une seule unité de zéro et de un… Il me dit « nous faisons ce que l’Autre demande… Moi, il me dit son envie, le client… Et je suis à fond, mais parfois je suis comme triste de m’en séparer du projet, quand c’est terminé et qu’il n’a plus besoin de moi »… « Ah, le désir c’est le désir de l’autre ? »… « Pas faux » qu’il me répond, il s’arrête et me dit « j’ai loupé un truc hein… ».

Ce qui revient à l’entièreté de la théorie lacanien, dans ce que nous pouvons comprendre. Nous venons au monde dans un bain de langage, nous sommes déjà nommés avant notre naissance et parlé, et cela par la parole de l’autre ou de l’Autre. Et nous baignons dans son désir : « ma mère elle disait toujours pour ma sœur et moi, mon fils/fille sera astronaute, pour toucher les étoiles ». Il y a une indivision dans un premier temps que le mot – le signifiant – viendra diviser. Une coupure. Le signifiant peut alors encore et encore foisonner, et ne jamais s’arrêter. Pourtant Lacan nous explique qu’une « unité signifiante suppose une certaine boucle bouclée qui en situe les différents éléments » (p. 298) « Il faut vraiment que ce soit terminé pour qu’on sache de quoi il s’agit. La phrase n’existe qu’achevée, et son sens lui vient après coup. » (p. 297-98)

Il semble donc, qu’il faille, à un moment qu’il s’arrête. C’est à ce moment-là, que la position du père, sa métaphore, prend un sens, celui du point de capiton.

 

Un jour avec ironie un patient qui connaît la psychanalyse me dit « vous avez remarqué que sur le divan il n’y a pas le point de capiton alors que sur votre fauteuil oui… Comme si votre inconscient vous avez joué un tour pour vous rappeler de ponctuer ». Cela m’a fait penser à la citation de Lacan : « le point de capiton est le mot crainte, avec toutes ces connotations trans-significatives. Autour de ce signifiant, tout s’irradie et tout s’organise, à la façon de ces petites lignes de force formées à la surface d’une trame pour le point de capiton. C’est le point de convergence qui permet de situer rétroactivement et prospectivement tout ce qui se passe dans ce discours »[1] (p. 304).

Ce même patient me demande souvent à quoi ça lui sert de savoir et qu’est-ce qu’il en fait… Il répète encore et encore la même chose, mais qu’est-ce qui lui échappe. Pourquoi n’arrive-t-il pas à saisir cette jouissance malsaine, pourquoi ne peut-il pas être plus tempéré, pourquoi c’est toujours « chaud », comme il le dit ? Et pourquoi je ne lui dis pas ? Après tout d’après lui je dois savoir ! Je n’ai jamais répondu à sa question, quoique, je l’aie malgré tout invité à regarder Peter Pan. En revenant, quelque temps plus tard, il me dit « je suis comme Wendy » – « ah bon ? »

Et si l’aventure de Peter Pan n’était pas l’aventure d’un Peter Pan mais le rêve d’une Wendy, et si l’histoire qui nous était contée, n’était en réalité que celle d’un rêve ?

Pour comprendre cette idée, nous ne nous référerons pas au texte de Barry, le véritable auteur de Peter Pan, mais au dessin animé de Disney.

Selon Freud, dans malaise dans la civilisation : « l’écrit est à l’origine, le langage de l’absent, l’habitation un substitut du corps maternel, cette première demeure (deux-meure – d’eux meure – de mère) vraisemblablement encore et toujours désiré ou l’on était en sûreté et se sentait bien. Normalement on croirait entendre un conte de fées, c’est sûrement la concrétisation de tous les souhaits formulés dans les contes (non la plupart), ce que l’homme par sa science et sa technique à produit sur cette terre où chaque individu de son espèce est réduit à apparaître à son tour sous la forme d’un nourrisson démuni… »[2] Voilà bien une chose intéressante, que nous livre la réécriture du conte de Peter Pan par et pour Disney. Avec ironie pourrions nous paraphraser Clothilde Leguil sur le dire de Lacan et de la lettre volée d’Edgar A. Poe : « la valeur symbolique, de ce conte, elle attrait à la fois au statut de l’inconscient et à l’histoire psychanalytique. »

Du coup, peut-être pourrions nous commencer ce rêve par une phrase tout équivoque de M. Mouche, que ce patient cité plus haut à relever : « se cacher… Il n’y a pas de meilleur endroit que la mère imaginaire »…

[1] Séminaire VII

[2] Freud (S.) (1928), Malaise dans la civilisation, Paris, PUF, 1992, p. 21.

Les lois fondamentales de la stupidité humaine

Les lois fondamentales de la stupidité humaine

De Carlo M. Cipolla

 

9 divans / 10, je vous invite à lire tout de suite

 

71 pages d’intérêt psycho-philosophique et économique sur la question de la stupidité. C’est un pamphlet rédigé en 1976, nous apprenons que l’auteur ne voulait pas être publié dans une autre langue que la sienne… Avec moins de chance s’il n’était pas devenu un best-seller, nous n’aurions jamais eu accès à ces lois.

 

Note de l’éditeur :

« Initialement rédigé en anglais, ce livre a été publié en 1976 en édition limitée et numérotée, chez un éditeur arborant le nom improbable de « MAD Millers », les Meuniers Fous.

L’auteur pensait que ce court essai ne pourrait être pleinement apprécié que dans sa langue de rédaction. Il refusa donc pendant longtemps de le faire traduire. Ce n’est qu’en 1988 qu’il accepta l’idée d’une version italienne, dans le cadre d’un volume intitulé Allegro ma non toppo, qui incluait également l’essai Le poivre, le vin (et la laine) comme facteurs dynamiques du développement socio-économique au Moyen Âge, d’abord rédigé en anglais et publié par Mad Millers pour Noël 1973.

Allegro ma non toppo est devenue un best-seller international. Pourtant, par une ironie que l’auteur de ces lois aurait appréciée, il dut attendre près d’un quart de siècle pour être publié dans sa langue de rédaction initiale : à l’automne 2011, l’éditeur italien Il Mulino faisait paraître en anglais, The Basic Laws of Human Stupidity. C’est ce texte original qui sert ici de base à la traduction Française »

 

L’intérêt de ce petit essai n’est pas plus de comprendre la stupidité de l’autre que la sienne, mais peut être tout simplement de se questionner sur « la question de notre temps », celui que l’on utilise et qui en fait perdre aux autres mais aussi à soi-même… Mais je vous laisse découvrir cette idée.

Pour l’auteur, « l’individu stupide est le type d’individu le plus dangereux » mais qu’est-ce que cela veut dire ?

Je vais ici vous raconter une petite expérience personnelle de 6 mois. Je me suis lancé il y a quelque année dans l’aventure du professorat de psychologie générale. C’était un souhait apparu lors de mes études, je voulais transmettre ce que j’avais appris et essayer de le faire avec passion. Parfois trop de passion ce n’est pas bon, de la même manière que pas suffisamment.

Avec humour j’ai voulu présenter la thèse aux étudiants de première année… Avec surprise cela n’est pas bien passé. La parole du prof c’est parole d’évangile et en allant plus loin d’identification. J’étais consterné !

Comment était il possible que le message soit interprété et non entendu. Lacan vous direz « il n’existe pas de communication ». La quasi-majorité de l’auditoire avait entendu que je les insultais de stupide. Avec le recul je comprends que l’inconscient collectif parlait. L’idée est qu’ils perdaient leur temps en cours de psycho, mais obligé par la politique de l’école il ne pouvait pas faire autrement que d’être présent et donc de me faire perdre mon temps en perdant le leur à ne pas s’intéresser.

L’enseignement d’une certaine manière a pris ce sens, il est devenu stupide, parce que les étudiants, les jeunes, et parfois leurs profs ne savent même plus pourquoi il faut apprendre et comment il faut apprendre.

J’ai fini par démissionner, en découvrant que j’étais stupide selon les termes de Carlo M. Cipolla et que l’on ne pouvait apprendre qu’une chose à l’autre c’était ce que nous ne savions pas nous-même…

 

Introduction (pour vous donner l’eau à la bouche)

 

L’humanité est dans le pétrin. Ce n’est pas une nouveauté, cela dit. Aussi loin que l’on puisse remonter, l’humanité a toujours été dans le pétrin. Le fardeau des soucis et des misères que doivent porter les êtres humains, comme individus ou comme membres de la société organisée, est à la base la conséquence de la manière hautement improbable, j’oserais même dire stupide, dont la vie fut vécue dès l’apparition de l’humanité.

Depuis Darwin, nous savons que nous avons des origines en commun avec les membres inférieurs du royaume animal ; les vers de terre comme les éléphants ont à supporter leur lot quotidien d’épreuves, d’ennuis de tracas. Les humains ont pourtant les privilèges d’en supporter une dose supplémentaire dont la source est un groupe d’individus appartenant à ladite race humaine. Ce groupe est beaucoup plus puissant que la Mafia, le complexe militaro-industriel ou l’internationale communiste ; c’est un groupe dénué de statut, sans structure ni constitution, sans chef ni président, qui réussi pourtant à fonctionner parfaitement à l’unisson, de telle sorte que l’activité de chaque membre contribue à amplifier et à rendre plus fort et plus efficace celle de tous les autres. Les pages qui suivent sont consacrées à la nature, aux caractères et aux comportements des membres de ce groupe.

Permettez-moi de souligner ici que ce petit livre ne saurait en aucun cas être taxé de cynisme ou de défaitisme, pas plus que ne pourrait l’être un ouvrage de microbiologie. Ces pages sont en fait le résultat d’un effort constructif visant à détecter, à connaître et peut-être à neutraliser l’une des plus puissantes forces obscure qui entravent le bien-être et le bonheur de l’humanité ».

 

Sommaire

Note de l’éditeur

Les mad milleurs au lecteur

Introduction

  1. Première loi fondamentale
  2. Deuxième loi fondamentale
  • Intermède technique
  1. Troisième loi fondamentale (qui est aussi une règle d’or)
  2. Distribution des fréquences
  3. Stupidité et pouvoir
  • Quatrième loi fondamentale
  • Macro-analyse et cinquième loi fondamentale

Appendice

 

Les pervers narcissique ou le livre à ne pas lire

Les pervers Narcissiques, de Jean Charles BOUCHOUX ou le livre à ne pas lire.

Voilà bien un livre à ne pas acheter et à ne pas lire… Et si on vous le prête n’hésitez pas une seconde à le mettre à la poubelle. 
Mon propos va faire controverse... 
0 divan / 10 

Expliquons cela…

Attention : je pars du postulat que nous devons prendre en compte la souffrance du sujet que l’on rencontre et sa réalité à lui, non la réalité extérieure. Cela veut dire que nous pouvons nous tromper parce que nos sens mêmes nous trompent. Mon but premier comme psychologue n’est pas de parler de celui qui n’est pas là, mais à celui qui est justement en face de moi, de sa souffrance comme sujet. Et de faire en sorte qu’il redevienne sujet de son histoire. Histoire qu’il semble avoir perdue au moment de sa rencontre première…


Ce concept de pervers narcissique est d’une certaine manière un pléonasme. Mais surtout aujourd’hui un concept fourre-tout, voir une conceptualisation du concept de bouc émissaire. Cela ne va pas bien dans mon couple, je n’ai absolument rien à y voir, c’est forcément la faute de mon conjoint. Étrangement, il y a beaucoup plus d’hommes dans cette situation que de femme. Je dis étrangement parce qu’il me semble étrange que tous les hommes qui quittent une femme soient un pervers et narcissique de surcroît, et qu’il y ait très peu d’hommes qui disent avoir été la victime d’une femme pervers narcissique.

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Pour être très honnête avec vous, j’ai déjà rencontré des psychotiques, des psychopathes, des sociopathes (peut-être, parce que c’est un terme américain et que les gens que j’ai rencontrés étaient français), des pervers, des états limites, des hystériques, des narcissiques, des obsessionnels, des phobiques…Mais jamais j’ai rencontré de pervers narcissiques. À croire que cet épouvantail, n’existe que dans la pensée populaire, comme une légende urbaine : « l’ex de ma copine Cindi, la cousine de ma coiffeuse qui est la sœur de mon chiropracteur, bah elle était avec un pervers narcissique, c’est son médecin qui lui a dit ! »

Non, Cindi était certainement dans une mauvaise relation et au lieu de remettre en question l’amour qu’elle avait pour cet homme, elle a persisté à nier le savoir qu’elle avait sur lui. Il avait beau tenir un joli discours, mais n’était pas digne de confiance…Alors pourquoi rester…

Le livre de M. Bouchoux explique très bien pourquoi Cindi (personne hypothétique) serait restée avec un tel prédateur. Mais n’explique absolument pas pourquoi Cindi comme sujet de son histoire, a arrêté d’être le sujet de son histoire. C’est d’ailleurs l’un des points qui me choque le plus dans ma position à la fois de psychologue, d’éthicien, et d’étudiant en psychanalyse : on fonde une nosographie, et une structure entière sur la réalité du patient, et non celle dudit pervers narcissique, plus communément appelé PN aujourd’hui.

Eh bien oui ! Personne ne semble avoir rencontré ce fameux PN, la seule personne qui semble l’avoir fait c’est l’inventeur du concept, Racamier. Et Racamier ne parle pas du PN comme étant une analyse structurelle comme telle, mais un questionnement plus institutionnel. En tous les cas à chaque fois que j’en parle avec différents collègues aucun ne semblent en avoir reçu dans son cabinet.

Du coup le livre de Bouchoux est un torchon, un roman, qui vous compte de belle histoire, comme celle de cendrillon. Je ne dis pas qu’il n’y a rien à entendre des contes, mais qu’il ne reste que des contes, qui ne rendent pas compte de la réalité, mais d’une forme de réalité. On ne peut pas faire l’analyse d’une personne que l’on n’a jamais rencontrée. On peut en faire une hypothèse, pour aider le patient, à comprendre qui il a rencontré selon sa réalité à lui, pour pouvoir se positionner. Mais le but de cela n’est que dans mes derniers mots, comprendre sa position face au « monstre » qu’il a rencontré. Parce que oui, chacun à notre échelle, avec nos réalités, nos angoisses, nos fantasmes nous pouvons rencontrer des monstres qui vont nous terrifier, nous attaquer, nous réduire, nous faire du mal, nous maltraiter…Mais rien ne dit que ce monstre est réel malheureusement.

Il faut noter que dans la réalité, il n’y a pas tant que ça de vrai pervers qui vont s’amuser à vous détruire, en tous les cas il y en a certainement moins que d’utilisation de mot Pervers Narcissique.

Si vous vous intéressez vraiment à la question, lisez directement le livre de RACAMIER : le génie des origines. Ou encore Influence et manipulation qui reste beaucoup mieux de Robert Cialdini…

Pour aller plus loin vous pouvez lire aussi :

 

Dictionnaire inespéré des 55 termes visités par Jacques Lacan

Le dictionnaire inespéré de 55 termes visités par Jacques Lacan,

c'est un texte écrit par Oreste Saint-Drôme. En réalité qui sont deux auteurs de plusieurs manuscrits de psychanalyse. J’ai d’ailleurs pu rencontrer et travailler avec l’un des deux auteurs. Expériencequi fut intéressante et riche d’enseignement. J’en garde un bon souvenir…

Oreste Saint-Drôme est un jeu de mots tout lacanien, selon moi, qui annonce déjà d’une certaine manière la voie que les auteurs ont décidé de prendre pour nous parler de Lacan. C’est avec un certain humour qu’ils retracent, le parcours des séminaires de Lacan…Au reste syndrome, serait l’idée de fin des séminaires de Lacan que nous avons un reste dont on ne peut se séparer, ce qui se trouve dans le réel…Enfin c’est ce que j’ai compris…Dans l’équivoque chacun d’entre nous entend ce qu’il veut ou peut…

Voilà donc un petit dictionnaire pour découvrir avec humour et légèreté la psychanalyse dite « lacanienne ». « Dite » puisque Lacan disait dans une critique des post-freudiens, qu’il ne faisait que relire Freud. Une relecture pour revenir à la chose. Cette chose que les post-freudiens auraient perdu en cours de route : l’inconscient.

Livre de 212, digne d’un intérêt certain, 8 divans /10

En couverture : Jérome Hébert

édition du seuil, février 1994, collection dirigée par Nicole Vimar

 

Non-remerciements de l’auteur

« Comme nous sommes de fieffés ingrats, nous nous garderons bien de remercier tous ceux et toutes celles qui ont bien voulu se soustraire à la tyrannie de leurs patients ou à lexigence de leur œuvre pour nous accorder généreusement des heures précieuses. De laube au crépuscule, nous avons soumis à la question ces vieux compagnons de route, croyants et sceptiques, fidèles et déçus de la diaspora lacanienne (« dis, raconte, le jour où) et répondu à brûle-pourpoint à des colles du genre : « quest-ce que ça veut dire Plus-un ?  » ou « Cest quoi un parlêtre ? ».

Nous ne nous sommes pas gênés pour utiliser sans vergogne leurs documents, reprendre leurs anecdotes et leurs traits desprit éclairants. Sils les reconnaissent aux passages, quils se disent bien que cet humour ne leur appartient plus ; il est devenu nôtre.

Nétant pas impitoyables, nous nous contenterons de ne pas dénoncer celles qui sont restées coites et ceux auxquels des litres de whisky nont pas suffi à assouplir la langue de bois. »

 

Extrait : La Béance

« Lêtre humain naît et grandit sous le signe de la béance, de la spaltung, de la schize, de la division.ill existe toujours un gouffre, entre lêtre et ses objets, lêtre et le parlêtre. Entre la complétude et le morcellement, le désir et la jouissance, le besoin et la demande, lidentité sexuée et le phallus, le sujet de lénoncé et celui de lénonciation, entre le signifiant du manque et sa nominationPour ne rien dire de la castration, coupure radicale sil en est.

Ce nest pas drôle ? Cest même désespérant ? Certes, mais il existe une consolation. Cette césure absolue est, de toutes les notions lacaniennes, la plus récurrente, celle qui souffre le moins de la discussion, et la plus simple à saisir.

Et si Lacan insiste tant sur la refente, cest toujours pour éclairer la pratique de la cure et éviter ainsi au quidam de prendre au pied de la lettre le précepte de lAncien Testament : tout ce qui est fendu nest pas défendu. »

 

Ainsi sont abordés en différents circuits les termes enseignés par Lacan, vous retrouverez :

 

  1. le circuit école
    1. Ecole (mon)
    2. cartel
    3. cardo
    4. plus-un
    5. passe
    6. séminaire (le)
    7. séminaire (les)
    8. lunettes (du dentiste)
    9. nasse
    10. Os (l’)
    11. champ
    12. béance
  2. le circuit linguistique
    1. langage
    2. langage (méta) – pour Lacan il n’y en avait pas
    3. langage (la, lala)
    4. parole
    5. signifié
    6. signifiant
    7. capiton (point de)
    8. métaphore
    9. métonymie
    10. parlêtre
    11. béance
  3. le circuit du miroir
    1. miroir (stade du)
    2. imaginaire (n. m.)
    3. duelle (relation)
    4. Moi (-idéal, idéal du)
    5. autre (petit)
    6. béance
  4. le circuit de la loi
    1. imaginaire (n. m.)
    2. réel (n. m.)
    3.  symbolique (n. m.)
    4. autre (grand)
    5. barre
    6. loi
    7. forclusion
    8. noms du père
    9. ding (das)
    10. béance
  5. le circuit du « che vuoi »
    1. besoin
    2. demande
    3. désir
    4. frustration
    5. castration
    6. régression   je choisis de barrer le terme ici, parce j’ai un léger désaccord avec l’auteur… qui se discute finalement c’est comme tout
    7. béance
  6. le circuit de l’être
    1. manque (à être, à avoir)
    2. phallus
    3. objet a
    4. pulsion
    5. angoisse
    6. béance
  7. le circuits du sujet
    1. le sujet (de l’énoncé, de l’énonciation, de l’inconscient)
    2. sujet supposé savoir
    3. psychanalysant
    4. éthique (de la psychanalyse)
    5. fantasme
    6. transfert
    7. béance
  8. hors-piste
    1. topologie
    2.  mathèmes
    3. béance

 

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