Le langage

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Le langage, un substitut du réel

Le langage est notre capacité à évoquer le réel. C’est parler de ce qui est, de ce qui existe. Il nous permet de communiquer avec les autres, de partager nos idées et nos expériences. Il est toujours un décalage, une représentation imparfaite. D’ailleurs il ne s’agit pas de reproduire le réel de manière exacte, mais de le représenter de manière approximative par des éléments linguistiques, appelés symboles.

Un symbole est un substitut qui vient représenter l’objet réel. Il est constitué d’un signifiant, c’est-à-dire d’un élément linguistique qui renvoie à un signifié, c’est-à-dire à une signification.

Pourquoi est-ce important en thérapie ?

Le symbole est un concept important en thérapie, car il permet de comprendre le fonctionnement de l’inconscient. L’inconscient est structuré par le langage, et comme le langage. Et les symboles sont le moyen par lequel l’inconscient se manifeste.

En analysant les symboles utilisés par le patient, le thérapeute peut l’aider à comprendre ses désirs refoulés et ses conflits intérieurs.

Cette interprétation est compatible avec la théorie de Jacques Lacan sur le langage. Lacan considère que le langage est un système de signes qui permet de représenter le réel. Cependant, il est toujours un décalage, c’est une représentation imparfaite. C’est pourquoi il est nécessaire d’interpréter le langage pour en comprendre le sens. Et non pas les émotions de votre visage, ou par l’imposition de pierre…

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article 3 : introduction à la psychanalyse

La Spaltung

 

Pour commencer notre propos nous partirons des mots de Lacan dans les écrits :

 

« La division du sujet entre vérité et savoir est pour eux (les psychanalystes) un point familier. C’est celui où FREUD les convie sous l’appel du « Wo es war soll Ich werden « ; que je retra­duis, une fois de plus, à ac­centuer ceci : là où c’était, là comme sujet dois-je adve­nir. Or ce point, je leur en montre l’étrangeté à le prendre à revers, ce qui consiste ici plutôt à les ramener à son front. Comment ce qui était là à m’attendre depuis toujours […] d’un être obscur, viendrait-il à se totaliser d’un trait qui ne se tire qu’à le diviser plus nettement de ce que j’en peux savoir ? Ce n’est pas seulement dans la théorie que se pose la question de la double inscription, pour avoir provoqué la perplexité où mes élèves Laplanche et Pontalis auraient pu lire dans leur propre scission dans l’abord du problème la solution. […] Elle est tout simplement dans le fait que l’inscription ne mord pas du même côté du parchemin, venant de la planche à impri­mer la vérité ou celle du savoir. »[1]

 

Les deux registres de la subjectivité chez Lacan, sont comme dits, l’inconscient et le conscient ; la spaltung elle, c’est la traduction de la notion de division, c’est le mot allemand de la relecture de Freud.

Quand le sujet parle, il ne parle qu’à partir d’une idée de ce qu’il se fait de lui-même. Il ne parle qu’au travers de l’image qu’il se fait de lui. Nous pourrions dire que l’on fait semblant d’être nous-même, parce que l’on ne sait pas qui nous sommes en réalité. Et cela, justement parce qu’il y a la « première » division et que l’inconscient et le conscient sont scindés et qu’il y a cette part de nous qui nous échappe.

La naissance du sujet lacanien se fait avec la division, dans l’accès au langage. L’accès au langage représente la question préalablement abordée du signifiant et du signifié. À partir du moment où le sujet dit : « je suis », il ne parle plus vraiment de lui. Dans le réel, il parle de lui comme représenté dans l’idée de la personne qui lui a donné son nom, qui l’a donc « prénommé ». Par exemple, pour la question du prénom, les parents ont collé un signifiant sur qui nous pouvons être. C’est une représentation.

Le mot est un symbole et le symbole vient représenter ce qui existe dans le réel, mais pas seulement. Il faut aussi comprendre que le signifiant a du sens, cela fait donc prendre un sens. Néanmoins, à partir du moment où l’on nomme et impose un symbole pour parler d’une chose qui se trouve dans le réel, ce n’est plus vraiment l’être réel qui est dans le réel, mais sa représentation, où l’on bascule dans la réalité. Et donc avec un prénom vient tout ce qui était cimenté dans l’imaginaire des parents, ou dans leurs fantasmes. Par exemple, le fait d’être violoniste ou astronaute. En réalité, cela veut dire que le sujet est déjà accroché à tout cela dans l’imaginaire des parents. Nous pouvons ouvrir une parenthèse ici, et expliquer pourquoi un parent peut utiliser le mot « déçu ». Parce qu’ils peuvent avoir le sentiment, de ressentir une déception face à leurs attentes imaginaires vis-à-vis de ce que l’on est pour eux, de tout ce qu’ils avaient mis sur les épaules de leur bébé à la base. (Question : peut-on se soustraire à ça ? L’on pourrait émerger de cette problématique en ayant travaillé sur soi, grâce à l’appareil psychanalytique).

 

[1] LACAN, J.  1966 , « Écrits », Paris, Seuil p.864

 

Communication et Langage

Le langage

 

Comment parle-t-on ? Vous êtes-vous déjà demandé comment vous arriviez à communiquer avec les autres ? Pourquoi est-ce que je communique ? Qu’est-ce que je communique ? Voire, qu’est-ce que les autres essayent de me communiquer. En psychanalyse Lacan a dit qu’il n’y avait pas de communication, pourquoi selon certains penseurs nous ne communiquons pas ? Alors que c’est cette même personne qui a dit : parler c’est être, du coup on « parlêtre ».

Pour un adulte, il faut encore nuancer cette phrase, parler c’est une chose qui se fait facilement, vous réfléchissez et les mots viennent pour exprimer votre pensée. D’ailleurs tous les gens qui disent « je ne le pensais pas quand j’ai dit cela », eh bien c’est impossible en réalité, vous avez forcément dû le penser pour le dire. Par contre vous pouvez avoir des regrets de l’avoir formulé ou même cogité. Nous sommes humains et parfois la pensée peut être dépassée par la colère et c’est donc la vengeance qui nous motivait. C’est très tôt que l’on commence à véhiculer des idées, la première représentation, au final, c’est souvent Maman ou Papa, pour l’enfant. Ce premier mot est déjà une idée. C’est une démonstration de l’esprit de sa capacité à représenter indépendamment de soi un autre. Un autre que l’on peut appeler ou nommer. On peut donc avoir un pouvoir sur lui. Le langage s’installera normalement entre 2 et 4 ans et se développera tout au long de la vie. Nous apprenons de nouveaux mots pour véhiculer au mieux nos émotions, idées, pensées… Faire dans le concret ou dans l’abstrait.

 

Il faut savoir avant toutes choses que le langage est un système. C’est un ensemble organisé de principes coordonnés de façon à former un tout… On parle ici d’un système de communication qui permet de véhiculer notre monde interne par différents biais : parole/ écriture/gestuelle

 

Système Français

 

  1. 33 phonèmes
  2. 40 000 mots générés par ces phonèmes (lexique mental d’un individu, jusqu’à 50 000 avec les noms propres).
  3. Des milliards de phrases à partir de ces mots, tout au long de notre vie

 

Pour votre culture :

 

  1. Qu’est-ce qu’un phonème ?

C’est ce que l’on appelle une unité verbale. Le phonème étant le plus petit, le son de base, qui va permettre de composer un mot. Il y a des exceptions, normalement un phonème en lui-même ne compose pas un mot.

Attention le phonème ne doit pas être confondu avec la syllabe

Pour pouvoir développer les 33 phonèmes il faut s’aider d’éléments encore plus petits qui sont les traits phonétiques.

Les traits phonétiques sont :

  • Lieu d’articulation,
  • Le mode d’articulation
  • Le voisement pour les consonnes. (Le voisement est le fait de faire vibrer les cordes vocales)

À savoir :

  • Pour les voyelles, on a 4 traits phonétiques :
    • La nasalité : orale ou nasale (I = orale)
    • Le degré d’ouverture vocale : ouvert ou fermé
    • Le point de fermeture maximum : antérieur ou postérieur
    • L’arrondissement des lèvres : arrondis ou non

Une étude faite aux États Unis a démontré l’importance dans la facilité de véhiculer un message scientifique et la possibilité de lui accorder du crédit. Cette étude faisait la comparaison entre des gens qui parlaient avec un accent anglais correct et d’autres avec un accent de l’étranger. Il a été montré lors de cette expérience que les gens accordaient moins de crédit aux personnes avec accent, et, que pour réajuster le niveau, il fallait que ces personnes en faisant leur présentation s’excusent de leur accent. Cela vous renvoie à l’idée de norme et de conformisme.

 

  1. Qu’est-ce que les morphèmes ?

Le morphème c’est la combinaison des phonèmes, c’est la plus petite combinaison qui va avoir un sens ou une signification. Cela peut être une partie d’un mot comme le préfixe ou, le suffixe, ou autre, la combinaison des deux voir le mot en lui-même.

Il y a par contre 2 grandes catégories :

  • Les morphèmes liés qui existent toujours en combinaison avec un autre morphème (comme –re),
  • Les morphèmes libres qui peuvent constituer de façon isolée un mot sans être lié à un autre morphème.
    • Exemple :
      • Honteux –  morphème libre
      • Honte et un morphème lié -eux

C’est grâce à la capacité de manipuler les morphèmes que l’on peut créer de nouveaux mots. D’une certaine manière c’est la mécanique du néologisme… ou de l’équivoque dans le langage des oiseaux.

 

Note : On n’est pas forcément capable de générer 40 000 mots mais on peut comprendre 40 000 mots grâce à ces combinaisons.

 

  1. Qu’est-ce que la syntaxe ?

C’est notre capacité à combiner les mots. La syntaxe est différente d’une langue à une autre, elle est donc gérée par un certain nombre de règles qui sont elles aussi différentes du pays d’origine.

C’est grâce à cet ensemble de règles que l’on arrive à faire la distinction dans certains énoncés, exemple :

  • Un chasseur chasse un lapin
  • Un lapin chasse le chasseur

 

Ces règles, vous les connaissez c’est la grammaire. D’ailleurs très récemment en France et aux États Unis, il a été démontré que la grammaire est un processus universel. Donc que nous possédons tous une grammaire, c’est une composante de l’être humain.

(Voir Chomsky)

 

 

  1. Caractéristique universelle du langage, ou qu’est-ce que l’on peut appeler un langage ?

Pour cela il faut prendre en compte 7 points :

  1. La sémantique
  2. L’arbitraire du signe
  3. La productivité (combinaison)
  4. Le déplacement (représentation)
  5. La transmission culturelle
  6. L’usage spontané
  7. La double articulation (phonème/morphème)

 

 

Juste pour voir si vous suivez !

Je fais cette petite blague souvent en thérapie quand on me pose la question de ce que l’on apprend en psychologie… Je parle des cours les plus étranges que j’ai pu y recevoir, comme celui sur les abeilles… bonne lecture

  • La danse des abeilles

L’abeille fait une « danse frétillante » avec des caractéristiques différentes :

  • L’angle de la danse qui indique la direction de la source de nourriture en fonction du soleil et de la ruche.
  • Vitesse de la danse qui est inversement proportionnelle à la distance de la nourriture (plus la source est proche plus la danse est rapide)

On détecte différents dialectes chez l’abeille, ces danses ne sont pas les mêmes suivant la famille d’abeilles.

Michelsen construit un robot qui stimule une abeille danseuse : on observe que les vraies abeilles vont se déplacer vers la source, donc cela élimine que l’abeille utilise des indices olfactifs et que ce n’est que la communication.

 

Question les abeilles parlent-elles ?

Merci de répondre à cela en faisant un comparatif en 7 points tel que je viens de vous le proposer.

 

Conclusion

  • Le langage est universel, il n’y a aucun peuple qui ne parle pas.

 

« On a un système d’acquisition du langage inné et s’il n’est pas stimulé assez tôt on aura toujours des retards de langage. Le système est inné mais il a besoin de la stimulation de l’environnement pour se mettre en place. La flexibilité d’un tel système est importante ».

 

introduction à la psychanalyse

 

À quoi sert-il d’entrer en analyse ? A quoi peut bien servir la psychanalyse ? Voilà une bonne question, pour un monde en souffrance.

Bon nombre de personnes arrivent sur le divan et savent déjà tout sur elles-mêmes… Alors pourquoi faire une analyse ? Pourquoi souffrent-elles ? Comment en vient-on à souffrir quand l’on sait tout sur soi-même ? C’est une drôle d’interrogation que celle-ci. Une interrogation qui me laisse perplexe depuis près de 7 ans.

Cela fait 7 ans, que je reçois un certain nombre de personnes qui arrivent sur mon fauteuil de psy, et qui savent déjà tout. Ce qui me fait poser la question : comment en venez-vous à souffrir ? Réponse « Bah je ne sais pas, c’est pour ça que je viens vous voir ». Je dois bien l’avouer aujourd’hui un patient sur deux est agacé par cette question. Pourtant c’est bien lui, le patient en question, qui en arrive à m’expliquer qu’il sait tout. Que reste-t-il donc au psy pour aider le patient ? Lacan dirait certainement (enfin j’imagine) un acte, mais lequel ?

Celui de permettre aux patients, me semble-t-il, d’accéder à la même expérience que nous-même avons vécus : la découverte de notre inconscient. C’est une aventure, un voyage, en plusieurs étapes, ou peut-être bien une odyssée ou chacun d’entre nous pourrons l’espace d’un instant devenir un Ulysse.

 

Avec l’approche lacienne de la psychanalyse, c’est une rencontre nouvelle que nous pouvons faire de ce que l’on nomme : le sujet. Nous découvrirons que le sujet et l’inconscient, ne sont pas exactement la même chose que ce que l’on peut trouver en psychologie ou en philosophie.

 

Voilà ce que je voudrais proposer avec les 10 prochains articles, soit découvrir ce qu’a à proposer la psychanalyse, ce voyage introspectif pour rencontrer votre étranger. Mais cette odyssée se fait à la manière d’un voyage à « la Alice au pays des merveilles », en suivant le chat du cherche tout…

S’il y a bien un lieu qui existe pour le « sujet », il doit y avoir une direction à ne pas prendre pour ne pas s’y rendre ? Comment donc se rendre dans un lieu que l’on ne connaît pas et pour y connaître quoi ? Ce que l’on ne connaît pas ? Quel désir de savoir, de savoir sur ce « sujet que l’on méconnaît » ? Sommes-nous vraiment tous concernés par la vérité de notre désir ou de notre sujet ? Certes oui, nous diraient les psychanalystes, en tous les cas tous les bons névrosés le sont !  Pourquoi voudrions-nous donc « dévoiler un nom-savoir » en chacun de nous ?

Qui veut se rendre dans ce lieu qui semble obscur ? Dans ce lieu de l’éther ? Après tout Platon nous parle d’une chute brutale, suffisamment traumatisante, quand elle percute le corps pour qu’elle (l’âme) oublie ce qu’elle sait. Faut-il en repasser par là pour retrouver ce qui a été perdu ? Et si l’on dépasse ce que l’on sait, peut-on finalement se rendre vers ce que l’on ignore ? Si oui, comment le reconnaître et s’y rendre ? Comment voyager vers son odyssée subjective ?

 

Pour introduire notre propos nous pouvons relever ces mots dans la chose freudienne :

 

« Car ce sujet dont nous parlions à l’instant comme du légataire de la vérité reconnue, n’est justement pas le moi perceptible dans les données plus ou moins immédiates de la jouissance consciente ou de l’aliénation laborieuse. Cette distinction de fait est la même qui se retrouve de l’alpha de l’inconscient freudien en tant qu’il est séparé par un abîme de fonctions préconscientes, à l’oméga du testament de Freud en la 31e de ses Neue Vorlesungen : « Wo Es war, soll Ich werden. » […]

Analysons-la. Contrairement à la forme que ne peut éviter la traduction anglaise : « Where the id was, there the ego shall be » […]

Qu’il a bien écrit (Freud) Das Ich und das Es pour maintenir cette distinction fondamentale entre le sujet véritable de l’inconscient et le moi comme constitué en son noyau par une série d’identifications aliénantes […]

Werden, devenir, c’est-à-dire non pas survenir, ni même advenir, mais venir au jour de ce lieu même en tant qu’il est lieu d’être […][1]

 

Ce que nous vivons en analyse peut prendre un sens nouveau. L’inconscient n’était donc pas là où nous l’imaginions. Cela vient faire prendre un autre sens à la vérité universitaire, nullement remise en question à cet endroit. Et du coup travailler sur le « sujet ». Le « sujet » n’aurait donc rien à voir avec le moi ? Et donc le « sujet » serait ailleurs, mais où ?

Je voudrais vous proposer une phrase de Lacan qui pourrait être un début de réponse à la Yoda, sur où se trouve ce fichu sujet dont nous parlons depuis le début : « Je pense où je ne suis pas, donc je suis où je ne pense pas. Je ne suis pas, là où je suis le jouet de ma pensée. Je pense à ce que je suis, là où je ne pense pas penser », donc dans l’inconscient.

 

Pourquoi ? Ou encore comment le sujet ne serait pas là où il pense ? Et serait finalement là où il ne pense pas ?

Lacan nous dit :

 

         « Que le sujet comme tel dans l’incertitude pour la raison qu’il est divisé par l’effet de langage […] Par l’effet de parole, le sujet se réalise toujours dans l’Autre, mais il ne poursuit déjà plus là, qu’une moitié de lui-même. Il ne trouvera son désir que toujours plus divisé, pulvérisé, dans l’incunable métonymie de la parole. L’effet du langage est tout le temps mêlé à ceci qu’est le fonds de l’expérience analytique, que le sujet n’est sujet que d’être assujettissement au champ de l’Autre, le sujet provient de son assujettissement synchronique dans ces champs de l’Autre. C’est pour cela qu’il lui faut en sortir, s’en sortir, et d’en sortir à s’en sortir, à s’en dépatouiller »[2].

 

 

La division serait donc au cœur de l’impossibilité pour l’homme de pouvoir connaître le sujet de son désir, puisqu’il « est où il ne pense pas ». Pour démontrer cette idée, nous essayerons de reprendre et de décortiquer la question de la spaltung, autre mot allemand pour dire division. Cela nous amènera à parler de l’idée que peut amener la division à se méconnaître, d’être dans le semblant ou le leurre, qui n’est autre que l’objectivation symbolique du Moi.

Pour mieux comprendre ce cheminement réflexif, nous serons obligés de passer par la question du stade du miroir. De là nous repartirons sur la question de comprendre ce que voudrait dire : « je pense où je ne suis pas ». Pour discuter cette question, l’idée sera de comprendre la perception du réel et ce que cela fait émerger, soit selon nous une articulation entre l’imaginaire et le réel. Le langage se retrouvera au centre de notre cheminement et nous chercherons à comprendre l’impact de la métaphore paternelle dans la construction du discours.

[1] Jacques Lacan, [1955]. « La chose freudienne ou le Sens du retour à Freud en psychanalyse », Écrits. Paris, Seuil, 1966. p.413-414

 

[2] Lacan Jacques, Livre XI du Séminaire, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (1963-1964), Paris, Le Seuil, 1973.

 

 

 

le langage des oiseaux

le langage des oiseaux, à la recherche du sens perdu des mots

Voilà encore un nouveau livre sur la question de la langue et du langage. Nous pensons tous parler tous, nous pensons tous communiquer, et beaucoup d’entre nous s’imaginons bien le faire, mais qu’en est-il vraiment de nos capacités de comprendre l’autre au travers de ce qu’il nous conte ?

Après plusieurs années de pratique de la psychologie, je peux vous dire d’expérience que notre vieux Papi Lacan, avait peut-être bel et bien raison, il n’y a pas de communication entre les hommes… Tout le monde partant de l’idée que l’autre va comprendre ce qu’il va dire et réussir à entendre, sans même se poser la question… Est-ce que je suis compréhensible ?

 

Divan : 9/10

 

Résumé :

Après 33 ans d’enseignement de la littérature, je me méfie toujours du sens obligatoire des mots et, ces dernières années, je me suis tourné tout naturellement vers une langue ancienne qui utilise les procédés de la langue imagée afin d’aider le lecteur à trouver le sens du réel au lieu de le lui dire en l’assommant avec le sens « propre ». Cette langue du Moyen Âge, c’est la langue des oiseaux et il m’est apparu qu’elle reste très moderne puisque je ne suis plus sûr que la mentalité médiévale soit si loin que cela…

La langue des oiseaux, c’est la langue des anciens alchimistes qui l’employaient afin d’exprimer un propos transgressif sans se faire emprisonner ou tuer par les bonnes âmes de l’époque. Avec leur utilisation des jeux de mots, des rébus, des expressions populaires, avec leur emploi des mots dans leur sens étymologique ou leur invention de néologismes de ceux qui l’imposaient. Ils montraient un nouveau sens, une nouvelle façon de comprendre la réalité.

À mon tour, j’emploierai dans ce livre leurs procédés d’une langue multiforme pour expliquer ce monde qui me semble avoir plusieurs sens. Le but n’est plus celui de la rigidité du sens, au contraire. La loi de l’analogie est donc remise à l’honneur pour rapprocher des catégories créées artificiellement. La division entre une langue prétendument claire et une langue dite imagée n’a pas lieu d’être. C’est une différence d’emploi et d’interrogations plus que de vérité des mots.

La langue des oiseaux est la langue de la liberté de parole, la langue de l’ouverture d’esprit, la langue d’un ancien dépôt de sagesse. C’est, dans les deux sens du terme, une langue spirituelle.

 

Auteur : Baudouin Burger édition : Louise Courteau éditrice prix : 19€

Au Japon ceux qui s’aiment ne disent pas je t’aime

 

livre à lire : 6 divans /10

 

Voilà un joli livre qui vous laisse à entendre la différence des cultures. Il est devenu commun d’entendre parler de différence, du sentiment de se sentir unique, cependant ce n’est pas si simple. Parfois il apparaît que c’est l’apprentissage d’une nouvelle langue, la découverte d’une nouvelle qui permet de comprendre la réalité du mot différence. En cette période compliquée ce petit livre nous permet d’entendre quelque chose de nouveau et de poétique. Le livre se présente finalement comme un petit dictionnaire, nous faisant découvrir la culture japonaise au travers du langage. Et donne à réfléchir…

Voici un petit extrait :

Définition :

Amour : Au japon, ceux qui s’aiment ne disent pas « je t’aime » mais « il y a de l’amour », comme on dirait qu’il neige ou qu’il fait jour. On ne dit pas « tu me manques » mais « il y a de la tristesse sans ta présence, de l’abandon ». Une sorte d’impersonnel immense qui déborde de soi. La tristesse est partout, l’amour aussi. Pas de hors-champ du sentiment.

 

A contrario de l’auteur, je dirais que le langage japonais, garde le tiers séparateur nécessaire ou bon fonction de l’échange entre soi et l’autre. La distinction entre l’être et l’avoir permet d’entendre ici que l’on possède le sentiment amoureux et non que l’on ait le sentiment amoureux. Ce qui permet de garder une bonne distance d’avec cette autre qui peut facilement nous dévorer dans la passion, le « on » n’existe plus pour se tenir à un nous. À méditer… (voir l’article passion toxique ou encore qu’est-ce que l’amour)

infos : livre 126 pages, définition dans le langage et de la langue japonaise (7€) édition arlea auteur : Elena Janvier

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