Concept du soi

Le soi

 

miroirQu’est-ce que la conscience de soi et comment peut-on la définir ? Selon Brentano et Husserl (1900), Elle « peut être définie comme la conscience que l’individu a de lui-même ».
Pour comprendre l’idée du soi, il faut partir de l’idée d’être soi et donc de l’expression de l’identité.

 

Notion d’identité

 

Le concept d’identité n’est pas récent, en France, il remonte au XV ème siècle avec la création des premiers papiers d’identité. Il n’en reste pas moins un terme très utilisé aujourd’hui : identité culturelle, identité religieuse… Qu’est-ce qu’il veut véritablement dire ?

Selon Jean-Claude Kaufmann, il fournirait à l’individu la reconnaissance mais aussi le consentement et l’amour dont il aurait besoin pour se sentir exister en tant qu’individu à part entière.

Il représenterait le caractère invariable et fondamental de quelqu’un, on parle ici de ce qui fait l’individualité d’une personne. Pour ce faire, il s’organise autour de plusieurs dimensions. Ces dimensions n’ont pas toutes, la même importance pour son élaboration, et, évoluent avec l’âge. Le soi reposerait donc sur deux concepts prégnants : la conscience et la temporalité.

 

Le soi est à l’origine de différents mécanismes constitutifs de l’état d’être sujet. C’est à dire qu’il schéma estime de soireprésente aussi bien le fait d’être un sujet à part entière, et de se reconnaître comme tel. Cette perception ne peut s’acquérir qu’au contact de l’autre et de la communication interpersonnelle, puisqu’à la naissance nous n’avons aucune conscience de nous même. Pour atteindre la perception de notre soi, l’enfant passera par des attitudes d’imitation mais aussi d’identification de l’adulte, pour tester les comportements et en associer les réponses qu’il pourra prévoir dans le futur. Cela permettra à l’enfant d’accéder à la conscience d’un « je ». L’idée de conscience est reliée à une idée de hiérarchisation de ses différents niveaux, d’abord de soi-même, puis aussi de reconnaitre l’autre comme étant un sujet à son tour. Cela laisse à penser qu’il y a un processus dynamique aussi bien objectif que subjectif, qui s’établit sur les représentations de soi, et celles de l’autre. Ce qui nous amène à l’idée de la théorie de l’esprit.

 

La théorie de l’esprit

 

Premack et Woordruff en 1978, en se questionnant sur la capacité des chimpanzés à avoir accès à une représentation de soi et de l’autre, font naitre la théorie de l’esprit. C’est ce qui permettrait d’être capable de savoir, de concevoir mais aussi de déterminer, les états mentaux, d’un autre individu, en se prenant comme base de repère. Soit notre tendance à agir, en fonction de ce que nous pensons que l’autre attendrait de nous et non pas en fonction, de ce qu’il attendrait réellement de nous.

La théorie de l’esprit signifierait, qu’un individu serait capable d’attribuer « des états mentaux à lui-même et aux autres. Un tel système d’inférence de ce genre peut-être convenablement considéré comme une théorie, d’abord parce que tels états ne sont pas directement observables,  et ensuite, ce système peut être utilisé pour faire des prédictions, notamment sur le comportement des autres ». Selon J. Miermont (1997) « avoir conscience d’une représentation de soi-même et/ou d’autrui revient, dans la théorie de l’esprit, à connaitre une méta-représentation. Ceci suppose un circuit relationnel, impliquant une reconnaissance cognitive ou émotionnelle de soi-même et d’autrui actualisée dans l’échange »[1]. C’est à dire qu’il y a une capacité d’élaboration pour le sujet à intégrer et fonder des représentations mentales, de soi ou de l’autre. Et celles-ci ne peuvent se faire qu’à partir de capacité  cognitive.

 

Différenciation du soi

 

Il y aurait 6 stades de développement de l’enfance à l’âge adulte (vieillesse). Il y a une mise en place progressive de la capacité de se différencier de l’autre et de se considérer comme un individu à part entière. Cela impliquerait de faire la distinction entre les capacités intra personnelles et interpersonnelles, permettant de préserver l’autonomie (Bowen 1976-1978). Ce processus vise à sortir des premières années de la vie de l’état fusionnel d’avec la mère, à un état d’être individuel. Rappelons que l’enfant n’est pas en mesure de subvenir à ses propres besoins, ce sont les parents qui s’en chargent. C’est à partir de la communication d’abord dyadique avec le caregiver (celui qui donne les soins), comme nous l’avons présenté dans la question de l’attachement, que s’effectue les premières communications. Puis les cercles de communication s’élargiront, allant du père aux autres membres de la famille puis à la société : professeurs, camarades…

 

pedagogie-differenciee-fleC’est au travers de cette communication que pourra s’effectuer la mise en place du modèle d’identité du sujet. Ce modèle est dit dynamique puisqu’il est en liaison avec l’autre, mais aussi dans le temps. Cela laisse à supposer qu’il puisse se transformer ou s’altérer. La capacité du soi serait donc posé sur l’établissement mnésique des représentations, qui se diviserait en deux l’une sémantique et l’autre épisodique. Si l’on reprend la conception de la mémoire sémantique qui est la mémoire des connaissances définitives, nous pouvons inférer l’idée, qu’il y aurait donc une base du soi, dite stable et rigide dans le temps. Si l’on fait la même démarche pour la mémoire épisodique, celle-ci « permet de voyager mentalement dans le temps, c’est-à-dire revivre les expériences passées et se projeter dans le futur (au travers d’un état de conscience appelé la conscience autonoétique, voir Wheeler et al. 1997 ) »[2]. Cette dernière définition laisserait à penser une capacité du soi plus malléable, expliquant qu’il peut y avoir des changements et des modifications sans affecter le soi dans son intégralité. Cette idée en particulier ouvre de belles perspectives pour les psychothérapies.

 

Capacité d’autorégulation

 

Pour terminer sur cette notion de soi, il nous faut faire une escale au concept d’autorégulation qui stone-balanceest considérée comme un aspect distinct, de ce que l’on appelle, le tempérament humain. Et il peut être défini comme une capacité à moduler de manière active l’excitation et les émotions (Derryberry & Rothbart 1988).Pourtant face à certaines situations, comme il l’a été présenté auparavant (l’angoisse deviendrait importante), cette capacité d’autorégulation, pourrait donc se voir altérée (Bowen 1978). Face à des situations dites anxiogènes, le travail de différenciation ne pourrait donc plus s’effectuer normalement. Il y aurait donc ici un hyper ou hypo-fonctionnement de la régulation du soi.

 

bibliographie

 

Eustache Marie-Loup, « Mémoire et identité dans la phénoménologie d’Edmund Husserl : liens avec les conceptions des neurosciences cognitives », Revue de neuropsychologie 2/2010 (Volume 2) , p. 157-170
URL : www.cairn.info/revue-de-neuropsychologie-2010-2-page-157.htm.
DOI : 10.3917/rne.022.0157.

Eustache ML. Le concept de rétention chez E. Husserl : une mémoire constitutive aux sources de la mémoire de travail. Rev Neuropsychol 2009 ; 1 : 321-31.

Husserl E. Sur la phénoménologie de la conscience intime du temps, Partie B. 1893-1917. Traduction française par J.F. Pestureau. Grenoble : Éditions Jérôme Million, 2003.

[1] Miermont J. Pour une théorie de l’esprit, cognition, passion, communication. Résonnances 1997 ; 10-11 : 64-71.

[2] Martial Van der Linden « Une approche cognitive du fonctionnement de la mémoire épisodique et de la mémoire autobiographique », Cliniques méditerranéennes 1/2003 (no 67), p. 53-66. URL : www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2003-1-page-53.htm. DOI : 10.3917/cm.067.0053.

 

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