Nous sommes tous pareils, mais pas comme vous le pensez !
Il est étrange, à chaque nouvelle consultation, de se rendre compte que l’on a oublié pour certains d’entre nous, qu’il était essentiel de se sentir unique. Etre unique aujourd’hui semble être le maître mot de la survie de tout un chacun. Pourquoi semble-t-il primordial dans la société occidentale d’être un être unique ? Pourquoi être différent est-t-il si important ?
Bon nombre de mes patients se défendent, se débattent avec le besoin d’être différents. Pourquoi ? Combien de fois, ai-je pu entendre « j’ai tout essayé avec moi ça ne marche pas ! » ou encore « Vous ne pouvez pas comprendre… » ou » pourquoi voulez vous toujours tout ramener à ma mère/père… »
Quand on fait de longues études pour comprendre l’être humain et son âme, on peut oublier ce besoin d’être différent. Parfois il m’arrive même de penser et de dire que je ne ressens plus le besoin d’être différent des autres ou, d’avoir besoin que les autres soient différents de moi. Il nous arrive pour certains d’entre nous, d’accepter un fait élémentaire de l’existence, nous appartenons tous à la même société et, c’est une donnée de base pour la compréhension de notre âme. Un fait capital pour comprendre, finalement, que nous sommes différents, c’est que nous sommes tous semblables.
Cette idée, me semble-t-il, doit être d’abord critiquée pour que je puisse vous apporter une réponse sur ce que j’ai dis précédemment !
Dans un premier temps, il semble évident que nous sommes tous différents et, la science, notre nouveau dieu actuel nous a apporté la réponse. L’ADN est la preuve irréfutable, c’est la carte identitaire de l’affirmation biologique, comme quoi nous sommes, bel et bien, uniques. Il n’y a pas deux codes génétiques identiques. Enfin, pour l’instant, cela est un fait posé.
Mais est-ce que cette donnée est suffisante pour démontrer que nous sommes uniques ? Est-ce une véritable affirmation pour dire que nous sommes tous différents ? Ne sommes-nous donc que le résultat de ce constat biologique ? Cette carte d’identité biologique est-elle la preuve véritable qu’il nous faut ? Si oui cela nous réduit tous à notre biologie. Chaque être sur terre pourrait donc être réduit à ce code. Bienvenus à GATTACA ! Que nous reste-t-il donc pour vivre ? Quel espace avons nous entre la réalisation d’un potentiel et la réalisation d’un avenir tracé dans le biologique ? Aucun !
Le piège, c’est, parfois, ce désir irréaliste de différences, il nous entraine dans des contrées dangereuses de l’âme. Un désir qui s’empare de nous et nous fait oublier la réalité. Cette réalité qui est dans tous les signes de tous les jours, qu’à force de voir, nous les avons relégués à des automatismes.
Dans la société occidentale, qui peut dire qu’il ne connait pas les contes de Perrault ou de Grimm ? Qui peut dire qu’il ne s’arrête pas au feu rouge ? ou qu’il n’est pas socialement correct de manger du chien ou du chat ? Qui peut dire qu’il ne sait pas qu’au moment de rencontrer quelqu’un, on doit dire « bonjour » et au moment de se quitter on doit dire « au revoir » ? N’avons nous pas finalement les mêmes codes ? N’avons nous pas, tous ou pour la plupart, été à l’école jusqu’à l’âge de 16 ans ? voulu passer le brevet, le bac ? perdre notre virginité ? N’avons nous, pour la plupart, pas tous, eu des parents ou des substituts (aimants ou non) ?
Voilà une idée qui nous rend, d’un seul coup, un petit peu plus semblables les uns les autres ? Mais alors pourquoi tant de patients en consultation résistent ? Pourquoi avoir besoin de vous ( ou nous) défendre ? Bien évidemment que pendant mes années d’études, j’ai eu la réponse à cette question, et après, avec l’expérience du terrain. Mais à quoi cela me sert-il d’avoir cette réponse ? Non, plutôt à quoi vous sert-il que nous, psychologues, psychothérapeutes ou autres, ayons la réponse ?
Rappelons ces phrases essentielles que certains patients formulent :
- Le patient : « je sais où vous voulez en venir »
- Psy : » où ça ? »
- Le patient : » vous voulez que je parle de ma mère »
- psy : « c’est vous qui le dites… »
- Le patient : » vous me manipulez »
- psy : « à quoi cela me servirait-il de vous manipuler, quel serait mon but ? »
- silence, plusieurs minutes…
- Le patient : « à rien…je ne sais pas… »
L’ordinateur ne peut fonctionner seul, il faut une personne qui l’active, soit une personne qui a un but. Quand vous vous mettez devant votre écran, même si c’est pour passer le temps, vous vous y mettez avec le but de passer le temps. Maintenant disons que vous voulez utiliser un traitement de texte, pour écrire. Votre but sera d’écrire quelque chose, et pour cela, vous allez avoir besoin d’un logiciel. Ce logiciel vous l’avez déjà installé en amont, le jour où vous avez acheté l’ordinateur. Que vous vouliez écrire un roman, un article, une correspondance… que sais-je, vous allez toujours (ou la plupart du temps) utiliser le même logiciel, par exemple : Word ? Et bien d’une certaine manière, l’être humain fonctionne pareillement. Expliquons-nous :
- l’Homme qui allume l’ordinateur : c’est l’inconscient
- le désir d’écrire : la pulsion
- l’ordinateur : c’est votre esprit
- le logiciel : les schèmes ou l’expérience que vous avez enregistrés en amont
- ce que vous voulez écrire roman, article… : ce sont les nouvelles expériences que vous faites – nouvelles relations…
Pourquoi en psychologie nous avons cette tendance à vouloir remonter dans les profondeurs pour expliquer ce qui vous arrive aujourd’hui ? Tout simplement parce que vous êtes la somme de vos expériences passées. Ni plus ni moins, et je ne connais aucun être humain qui soit différent, aucun être humain qui peut échapper à cette règle. Disons que c’est une règle universelle, la société c’est avant tout une histoire de groupe et le premier groupe auquel nous sommes tous confrontés, c’est la famille. Et dans la famille le premier groupe c’est les parents.
Si cet article doit vous apporter une révélation, c’est que d’une certaine manière nous sommes tous semblables, mais pas de la manière dont vous vous l’imaginez. Qu’on le veuille ou pas, nous faisons tous partis d’une société et nous subissons de manière consciente et inconsciente ces règles, ces lois et donc son autorité…