Introduction blog psy-qu’est-ce qu’un psy ?
La question conductrice de l’ensemble du travail qui sera proposé dans cette partie réservée aux étudiants de psycho ou aux psychologues, pourrait être : « qu’est-ce que l’éthique ? Et plus exactement qu’est-ce que l’éthique pour nous dans la pratique de la psychologie ? ». Nous serions ici, dans ce que G. Toulouse [1], appelle une « révaluation morale ». Ce néologisme est utilisé pour faire la différence entre révolution et évaluation ; ces notions semblant, selon lui, être connotées par la notion du mercantilisme, rappelant un peu trop une idée monétaire. Il existerait plusieurs sortes de révaluation, certaines sont d’ordre social et d’autres plus intimes. C’est cette dernière forme qui nous intéresse ici.
La révaluation morale d’ordre intime, mais pourquoi ? Nous répondrons : « intime comme, les visions idéales qui président aux choix d’une profession ou d’un engagement. Engagement qui sera soumis à des épreuves ultérieures et à de multiples chocs et tests au cours de l’existence… Les révaluations morales « sont aussi des processus d’apprentissage, où se mêlent l’agir et le savoir ».
Il sera donc proposé de faire ma révaluation, ce qui nous permettra à tout à chacun de réfléchir à la sienne, et d’envisager une place pour l’éthique dans notre parcours, dans notre profession. L’Acte qui est présenté, « volontaire ou non… », Semble être pour la philosophie, l’une des premières manifestations des capacités qu’un être vivant à agir.
D’où vient-on ? les master de psycho !
Mais avant cela il nous semble maintenant propice de présenter le terrain d’exploitation que nous travaillerons. Il est à savoir qu’il y a environ 38 masters de psychologie en France[2]. Rien que sur Paris, nous avons 5 masters de psychologie, ce qui représente environ 150 masterants en première année, par université. Soit 750 étudiants, approximativement 750 « mémoires » par an en psychologie clinique, il faut partir du principe que ceux-ci traiteront tous différents sujets. À raison d’une norme professorale pour l’obédience psychanalytique, pour l’évaluation des rendus, ils doivent avoir chacun environ : 3 à 5 sujets, nous ferons la moyenne à 4 sujets/patients. Ce qui représente 3000 sujets/patients par an. Et si les masters de psychologie existent depuis près de 50 ans, nous pourrions hypothétiquement comptabiliser 150 000 sujets/patients pris en charge par des étudiants pour leurs recherches. Bien entendu ceci n’est qu’une évaluation rapide.
Tout au long du parcours universitaire, il est possible à l’étudiant de rédiger un certain nombre de documents : « mémoires », « devoirs », « projets », qui seront nommés des « documents scientifiques ». Le titre de scientifique est imposé ici, parce que sous le joug de l’université et de son enseignement, et on laisse à l’imagination de l’étudiant la possibilité de combler le vide qu’il y a pour aller de production à scientifique. Cela semble irrationnel, mais dans la pratique c’est ce qui est fait et qui pose de véritables difficultés. Par ailleurs il est intéressant de noter que dans un désir de réparer les dommages de la crise, les universités ont jumelé les parcours professionnels et de recherches et quand ceux-ci ne le sont pas, le parcours recherche sont souvent déplorables et sans rapport direct avec l’idée de la recherche qu’elle soit scientifique ou non. Ainsi l’épistémologie des sciences, l’approche de la philosophie de la recherche et de son éthique, ne sont et ne deviennent que des mots appris sans sens, que l’on prononce, sans en prendre la pleine conscience.
Ce qui fait que l’on peut interroger quand on demande de trouver des projets de recherche innovants, qui permettront d’apporter quelque chose à la science ou la discipline étudiée : que fait l’étudiant effectivement ? Nous serons tous d’accord qu’à partir du moment où une recherche se dit scientifique, « la démarche de connaissance doit être systématique, foncièrement désintéressée (notamment quant à ses retombées)… Le but global, bien sûr, est de faire progresser l’étude d’un problème, de faire ‘avancer les connaissances’ sur un phénomène donné… »[3]. En master est-ce vraiment ce qu’il est demandé dans ce style d’exercice ? Est-ce vraiment ce que font les étudiants ? Vous êtes vous déjà posé la question, de savoir si votre recherche était foncièrement désintéressée? D’ailleurs en psychologie est ce que cela est vraiment possible ?
Si l’on reprend ces quelques lignes, l’idée qui affleure, c’est comment un étudiant qui est évalué pour son passage en M2 ou in fine pour son diplôme, sur le plus gros de cette production, peut-il effectivement être désintéressé ? Plus encore si celui-ci n’a reçu aucune formation que ce soit sur la production de la recherche et sur son éthique, cela a forcément, selon nous un impact direct sur le sujet ? Dans un même temps nous pourrions nous demander ce qui se déroule à l’intérieur de cette recherche ? Parce que c’est ici le point nodal d’une déconstruction de l’avancée comme nous voudrions bien le croire. Et à l’inverse de l’avancée scientifique nous envisageons un recul de la pensée philosophique « de et sur » l’humain. Bien que les chiffres que nous ayons présentés ne soient pas formels, nous pourrions être en droit de nous demander quel impact a eu la participation que ce soit dans un premier temps des étudiants en psychologie sur la recherche, et dans un second temps et de manière un peu plus alarmante, de la participation des sujets pour l’avancée de la recherche scientifique et à quel prix ? Voir dans un troisième temps, quelle vision se fait le futur professionnel du sujet ? C’est ici la notion de prix qui nous guide dans l’obscurantisme étudiant le plus total. À quoi nous pousse donc le terme « science » auquel nous revenons inlassablement, aujourd’hui, utilisé à tort et à travers, la science[4], les sciences, qu’est-ce que cela regroupe véritablement comme nous avons pu l’exprimer par ailleurs. (voir prochaine article)
En conclusion, nous chercherons à répondre à des questions sur l’éthique que l’étudiant, mais aussi le jeune professionnel, doit se créer au fur et à mesure de son avancée vers la profession. Questions qui ne sont nullement abordées à l’université.
bibliographie :
- Toulouse Gérard, « Le mouvement éthique dans les sciences », Revue du MAUSS, 2007/2 n° 30, p. 405-416
- http://www.letudiant.fr/etudes/psychologie-attention-a-lembouteillage-13428/psychologie-38-masters-dexcellence-13747.html
-
www.issep-ks.rnu.tn/…/Fondements_de_la_recherche_scientifique.pdf
- Quand nous parlons de « science », nous désignons l’unité d’un monde d’interrogation du réel qui englobe toutes les sciences, y compris les sciences humaines. Il a plus de proximité méthodologique entre la physique et l’histoire (recherche d’une vérité objective par des procédures de décentrement qui neutralisent, autant que possible, le caractère personnel de la démonstration) qu’entre l’histoire et la philosophie, qui n’est pas du tout une science à proprement parler, bien qu’elle en ait longtemps tenu lieu. Sur le caractère scientifique de l’histoire, on pourra consulter les œuvres classiques d’H. Berr (la synthèse en histoire, Paris, Albin Michel, 1953)… C. Vincent, La connaissance historique et la tâche de la philosophie politique, Le Philosophoire, 2013/2 n° 40, p. 97-126. DOI : 10.3917/phoir.040.0097