Introduction à la psychanalyse et à la scansion
La psychanalyse est une discipline qui explore les abysses de notre esprit, cherchant à comprendre les motivations inconscientes qui influencent la vie quotidienne. Il y a outil essentiel dans cette quête, que l’on nomme la scansion, un concept complexe qui permet d’analyser les structures linguistiques et symboliques présentes dans la parole du patient. Dans cet article, nous allons essayer de dévoiler les subtilités de la scansion, en examinant son rôle dans la compréhension de l’impuissance, de la castration, de l’impasse.
Comprendre le concept de « l’impotence » en psychanalyse
L’impotence fait référence à un état de frustration et d’impuissance qui peut être vécu par le patient. Il est lié à la notion de castration, qui est la perte d’un objet ou d’une fonction qui est désirée. L’impuissance est donc la manifestation de cette perte, elle est le signe que quelque chose ne fonctionne pas/plus tel qu’on le voudrait. C’est l’insupportable de l’impasse.
La scansion permet d’explorer ces aspects, en analysant les motifs récurrents dans la parole, qui seront soulignés par l’arrêt de la séance, par exemple sur ce qui doit être entendu par le sujet du sujet lui-même : les lapsus, les actes manqués et les rêves, sur les « je ne sais pas », qui est en réalité un « je ne veux rien en dire », « les ritournelles », « le moulin à parole »…
La séance courte est une façon de mettre le patient face à son impuissance que provoque le fait de persister, et de ne plus rien vouloir en dire. Elle l’oblige à faire face à la discontinuité de sa conscience, à la nécessité de trouver ses propres solutions. Cela peut être une expérience difficile et douloureuse, puisque c’est en elle-même une castration mais elle est nécessaire pour le processus de rétablissement. La vie n’est pas sur un temps donnée, elle est faite de surprises, bonnes ou mauvaises. La scansion ramène cette vie dans la séance. En gros on apprend a forger en devant forgeron.
Voici quelques exemples du lien entre la séance courte et le concept d’impuissance :
- Un patient qui souffre de phobie sociale peut se sentir impuissant face à son angoisse. La séance courte peut l’aider à affronter son angoisse en invitant le sujet à laisser la plainte (symptômes) de côté et à commencer à dire quelque chose de nouveau. Ne faire que parler du symptôme emprisonne de sujet dans une jouissance à être par la souffrance. La scansion l’invite à être par sa parole.
- Une patiente qui souffre de dépression peut se sentir impuissant face à son mal-être. La séance courte peut l’aider à identifier les causes de sa dépression et à trouver des solutions pour y faire face, en coupant dans le discours mortifère. En réintroduisant l’interdit sur la meurtre et même celui de soi-même. Par exemple la scansion coupe à chaque fois que le sujet dit vouloir se tuer -« tu-es ». Puisque la psychanalyse porte sur la vie à partir du langage, permettre au patient de dire autre chose que son envie de meurtre, lui permet de faire un pas de côté et dire par là ce qui le fait vivre, son envie de vie.
La signification de l’impasse dans la scansion psychanalytique
L’impasse est un concept faisant référence à un blocage ou à une stagnation dans le processus de vie. Dans la scansion, l’impasse peut se manifester sous différentes formes, telles que des silences prolongés, des répétitions constantes ou des digressions fréquentes par évitement de ce qui est douloureux. En identifiant les schémas récurrents dans la parole du patient, le psychanalyste peut aider à débloquer l’impasse et à promouvoir la création d’une nouvelle parole et l’évolution du sujet.
- Dans l’exemple du patient suicidaire, souvent les patients parlent de la souffrance que ressentiront les gens qui restent, proposer une question sur l’agressivité inconsciente et la haine, peut permettre au sujet d’enfin exprimer ce qu’il n’arrive pas à libérer. Une sensation
d’abandon si immense, qu’il en viendrait à vouloir annihiler l’Autre. Mais ayant trop bien intériorisé l’interdit de tuer, il est plongé dans l’impasse et pour se soustraire à l’impuissance qui le détruit de l’intérieur, il souhaite l’arrêt et donc de se tuer- « tu-es ». Laisser l’agressivité émergé dans la séance lui permet de laisser s’évacuer la colère, la mort, et d’ouvrir le sujet sur l’abandon et la séparation.
Cela fait écho à l’histoire de « la petite sirène » d’Anderson, fermez les yeux et écoutez « sir-haine ».
En analysant les motifs linguistiques, les symboles et les expressions verbales du patient, la scansion peut révéler des informations précieuses sur les désirs refoulés, les conflits inconscients et les mécanismes de défense. En déballant ces subtilités, le psychanalyste peut aider le patient à prendre conscience de son inconscient et à trouver des moyens d’en faire un outil. Cela offre ainsi une fenêtre unique sur l’inconscient, permettant une exploration approfondie pas à pas.
L’insupportable de la scansion se trouve dans notre imaginaire
« Quand vous arrêtez les séances de manière brutale, et que la séance ne dure pas plus de 10 minutes, j’ai l’impression que je vous ennuie, cela me fait me sentir très impuissant et ça me met en colère ».
Le patient a l’impression que l’analyste ne le prend pas au sérieux, et du coup qu’il ne le comprend pas. Petite parenthèse, chacun d’entre nous, doit perdre l’idée qu’il peut être compris par l’Autre. D’une certaine manière il n’y a que nous qui pouvons nous comprendre. Et nous pouvons avoir l’espoir de nous faire entendre par l’Autre. Entendre ici voudra dire qu’à partir d’une langue commune nous pouvons être en lien. Les mots font donc le lien, voir les liens. Comprendre, se résume dans le « on », indéfini nous ne faisons plus qu’un. Je n’ai donc plus besoin de fournir un effort pour exprimer de manière créative ce que je ressens. Et c’est l’échec de l’analyse.
Le sentiment d’impuissance est lié à un conflit inconscient (c’est ce que l’on appelle le transfert, il rejoue quelque chose de plus ancien). Le patient peut avoir l’impression qu’il ne peut pas contrôler sa vie, qu’il ne peut pas changer les choses, et c’est juste. Le contrôle est une illusion. Le monde extérieur ne peut pas être contrôlé, pas plus que l’analyste, ou le fait de prendre par hasard un piano sur la tête en sortant de chez vous. La scansion propose donc de refaire une rencontre avec la vie, l’Autre mais aussi l’autre. La sensation d’impuissance ici, se doit d’être maîtrisée, puisque c’est une tension interne. Se réapproprier la maîtrise de ce que l’on ressent c’est le chemin de croix vers la frustration, qui est l’issue de l’impuissance. Se frustrer c’est donc prendre sur soi l’impuissance que l’on ressent. Ex : je veux aller au Mc do mais il est fermé, je ne défonce pas la porte à grands coups de pied. Je prends sur moi et reviens un autre jour.
Il peut également avoir l’impression qu’il n’est pas aimé ou accepté, ça, c’est le transfert. Le psy ne vous aime pas ! Il n’a pas à vous aimer, il n’est ni votre mère, ni votre père, ni votre ami, ni votre collègue. Il est la personne que vous payez pour vous aider à vous écouter. A partir du moment où il vous aime, il n’est plus neutre, puisqu’il a des sentiments qu’il ne peut pas ressentir pour être neutre. Pour ça, lui-même a fait son chemin de croix en analyse, et a appris la grammaire et la conjugaison et la syntaxe et vous offre l’opportunité d’apprendre la même chose que lui.
« J’ai l’impression de vous ennuyer », en fait c’est déjà un retour de votre propre agressivité. Vous êtes ennuyé par la scansion et vous cherchez dans la relation ou plutôt les relations antérieures pourquoi l’autre met fin à la rencontre. En faisant cela, ce n’est plus la personne que vous payez que vous rencontrez mais « un autre » : un ami, un parent, un collègue, un être aimé, du passé. Pour rassurer tout le monde ce qui ennuie le plus les psys ce sont les pervers. Tout simplement parce que vous ne pouvez rien faire. Nous mettons souvent rapidement fin aux séances avec ce type de patients, quand ce n’est pas eux qui le font.
Enfin la colère du patient peut être liée à un sentiment d’injustice. Le patient peut avoir l’impression que l’analyste ne lui donne pas assez de temps, qu’il ne lui accorde pas assez d’attention, comme un bébé à qui l’on retire le sein. Il n’y a aucune injustice dans la scansion, tout le monde est logé à la même enseigne, même votre analyste y a été soumis. Nous sommes bien tous égaux face a la surprise de la vie. Il faut donc rappeler, que vous ne venez pas pour bavarder avec quelqu’un. Vous payez une personne pour qu’elle vous aide à vous écouter.
Conclusion : Le pouvoir transformateur de la scansion en thérapie psychanalytique
En conclusion, la scansion en psychanalyse est un outil précieux qui permet d’explorer les aspects les plus profonds de l’inconscient. En analysant les structures linguistiques, les symboles et les expressions verbales du patient. Elle révèle des informations précieuses sur les désirs refoulés, les conflits inconscients et les mécanismes de défense. En dévoilant ces subtilités, la scansion offre au patient une compréhension plus profonde de lui-même par lui-même.