La mort, qu’est-ce que c’est ? Avant de parler du deuil, il faut parler de la mort.
La mort, d’une certaine manière, c’est penser l’insupportable, c’est l’idée de notre finitude. Nous sommes comme les portables Nokia, voués à être à la fois obsolètes, mais aussi bons pour la casse, ou comme tous les produits de la grande consommation avec une date limite de consommation ou DLC. Définir la mort, c’est dire qu’il y a cessation définit
ive de la vie. C’est donc l’arrêt de, ce que l’on appelle, nos « fonctions vitales ». il y a un questionnement éthique autour de cette question. A partir de quand peut-on dire qu’une personne est morte ? (http://www.leparisien.fr/insolite/declare-mort-un-americain-se-reveille-aux-pompes-funebres-01-03-2014-3634385.php)
Chacun d’entre nous, tout au long de sa vie, sera confronté à la mort, et donc devra faire son deuil, et devra par la même occasion accepter, ce que l’on pourrait nommer, l’ultime séparation d’avec l’autre. C’est le plus souvent pendant ce genre d’épreuve que l’on est réellement confronté à la mort. Puisque nous ne pouvons pas réellement avoir accès à notre propre mort, à moins d’être un mort-vivant… juste pour la culture G, il existe une maladie comme ça ou le patient est persuadé d’être mort.
Etymologie et définition
Le mot deuil vient du latin « Dolus » qui veut dire douleur, donc faire son deuil veut dire en réalité « faire avec sa douleur » . C’est en partie une douleur que l’on se fait à soi-même, que l’on compose. C’est un changement de rythme, et de mélodie…
En psychologie, on parle de faire un travail de deuil. Il y a comme une notion mercantile, il faut se mettre à la douleur et apprendre à composer avec, faire avec une idée toute particulière finalement. Faire le travail de deuil c’est donc aussi accepter l’idée que personne n’est immortel, et par extension même nous.
Dans le Larousse, on peut lire que le deuil c’est une « douleur, affliction éprouvée à la suite du décès de quelqu’un, état de celui qui l’éprouve ».
Principales étapes du deuil : Selon les pays il peut y en avoir de 3 à 5 :
- Le déni
- La colère (émotion que vous connaissez)
- Le marchandage
- La dépression
- L’acceptation
Il faut savoir dans un premier temps, qu’en psychologie il y a plusieurs sortes de deuil. Pour faire simple, nous dirons qu’il y a les deuils internes et externes.
- Les deuils internes sont les deuils que l’on doit faire personnellement pour notre construction et notre bon développement, comme la séparation d’avec la mère, les parents, d’avec notre toute-puissance…
- les deuils, que j’appelle, externes sont les deuils de personnes connues ou inconnues, la confrontation à la mort et au décès.
Explication
Est-il cohérent de parler de « choc » dans les deux cas de deuil ? Est-ce un choc pour l’enfant de devoir se séparer de son fantasme de ne faire qu’un avec sa mère ? Il n’y a pas de réponse véritable à cette question… On partira du postula que oui.
L’une des premières étapes du deuil c’est donc, vous l’aurez compris : le « choc », c’est ce que l’on peut appeler le traumatisme de la perte. Il s’agit du démarrage d’un certain nombre de réactions immédiates et plus ou moins universelles pour tenter de surmonter le caractère traumatique de la douleur. L’utilisation de mécanisme de défense comme celui que l’on nomme le déni, en est un bon exemple. Le déni de la mort c’est comme suspendre la séparation définitive d’avec l’autre.
Nous pouvons tous réagir différemment et de manières si semblables à l’annonce de la mort d’un proche, ou à la fin inévitable de quelque chose qui nous est chère, par exemple en criant à l’illusion « c’est une farce… c’est pas vraie je ne vous crois pas ». Nous avons comme un sentiment d’irréalité/d’étrangeté proche de, ce que les psychanalystes appellent, la « dénégation ». Il nous faut nier la réalité pour laisser à notre esprit le temps du contrecoup. On peut aussi investir de manière disproportionnée le quotidien contre l’impact traumatique, en se tuant (nous aussi) à la tâche. Ça nous évite de penser, de réfléchir, de prendre conscience…
Après vient le temps du « travail de deuil ». Il s’agit de faire en sorte de désinvestir, toute l’énergie attachée aux représentations de l’objet perdu, et de parvenir à l’atténuation de la douleur provoquée par la perte. On ne se rend vraiment compte de l’énergie que l’on investit en une chose, qu’après l’avoir perdu. Essayez de vous attacher le bras droit dans le dos et de faire votre journée comme ça. Vous verrez à quel point vous êtes fatigué, à quel point les taches du quotidien vont prendre du temps et seront difficiles. Et de cet épuisement, à essayer de faire semblant, de pouvoir faire comme tout le monde, cela finira par vous rendre fou, en colère. Vous hurlerez de rage contre cette fermeture éclair qui ne veut pas se fermer, vous hurlerez de rage contre cette clé qui ne veut pas se tourner, parce que vous n’avez pas suffisamment de force dans le bras gauche. Oui, d’un seul coup, le monde vous semblera différent, et vous vous sentirez impuissant. Il pourra même l’espace d’un instant vous paraître hostile.
Ce travail de deuil ne peut se faire que par un processus intrapsychique qui implique l’activité mentale, soit ce que l’on appelle la mentalisation. Le sujet va ré-évoquer à chaque instant la pensée de l’objet disparu.
Au cours de ce travail, les personnes se heurtent constamment à la réalité de la mort, de la perte. C’est ce qui explique, qu’ils vont se renfermer sur eux-même. Il y aura une phase inévitable de repli, dû à l’épuisement. On dit en psychologie que la personne, à ce stade, va se « désintéresser de la réalité extérieure puisqu’il est accaparé par la douleur ». Rappelez-vous l’exemple du bras dans le dos, combien d’entre vous seraient épuisés, finiraient par dire « non pas ce soir, je suis trop fatigué » ? Pendant le travail c’est la qualité d’investissement dirigé sur l’objet qui disparaît au fur et à mesure.
Puis peu à peu vous allez faire face. Au jour le jour, ce bras attaché dans le dos ne vous gênera plus, vous arriverez à faire avec de l’entrainement ce que vous faisiez avec lui. C’est ce que l’on appelle la « liquidation du deuil ». L’attachement que l’on a pour l’autre ou pour l’objet va finir
par s’affaiblir : « C’est un oubli relatif, ce qui disparaît c’est la charge affective liée à l’objet perdu ou à la représentation de l’objet. ». L’oubli n’est pas une chose totale, d’une certaine manière, les gens ou les objets restent à une pensée de nous. Il suffit de tendre votre attention vers eux, et le souvenir émerge. Mais il ne le fera plus comme au début, vous ne souffrirez plus ou pas. Il y a une diminution de la douleur. A ce moment-là, l’énergie peut être réutilisée, pour investir d’autres choses, d’autres objets, d’autres personnes… on reprend goût à la vie, ou plutôt à notre propre vie.
Une chose, que l’on oublie, est que moins on est exposé à la mort, moins on y croit. Moins on sait de choses sur un objet plus il nous est facile de le nier. Donc plus on met la mort à distance et plus il est facile de croire qu’elle n’existe pas. Aujourd’hui avec les progrès de la médecine, c’est un recul de la compréhension sociétaire auquel on a affaire. On demande trop rapidement aux gens d’oublier, de passer à autre chose… passeriez-vous à autre chose rapidement si demain vous perdiez votre bras ? Ou vos jambes ? Aimeriez-vous que l’on vous demande de passer à autre chose ? Qu’on oublie de prendre en compte votre douleur, votre voix, votre vie, votre personne ou tout simplement votre être ?
Résumé :
Travail de deuil : se fait suite à la perte d’un être cher ou autre, il entraine forcément des états de tristesse… qui correspondent à un long travail de détachement de l’objet. Ce travail est réalisé dans le déplaisir et la douleur, et on peut le découper par des phases :
- Denis de la perte ou dénégation :
Dominé par des sentiments de révolte, la colère et des phénomènes d’illusion ou hallucination et d’objet perdu. Réaction au déni de la perte.
- Travail d’intériorisation de la perte externe,
Surinvestissement de l’objet perdu par les rêves, souvenirs, la recherche de photos ou actes nostalgiques.
- Acceptation de la réalité de la perte
Travail de séparation de l’objet perdu, qui semble être progressive.
Essayez d’être juste là.
Bibliographie
[1] Le Moi, est un des trois concepts qui caractérise la personnalité, il est construit à partir du vécu. Il est à la fois le locus de l’identité personnelle mais aussi du contrôle de notre comportement, du rapport aux autres et de notre capacité à nous confronter à la réalité extérieur.
[2] Guignard Florence, « Le couple mentalisation / démentalisation, un « concept de troisième type » », Revue française de psychosomatique, 2001/2 no 20, p.115-135.