Chemsex de Johann ZARCA

chems, chemistry, sexe, sexualité, ordalie, Patrick Martin psychologue

Le dernier livre de Johann Zarca, comment d’écrire ce petit moment de lecture angoissante ?

C’est le premier roman que je lis de ce Monsieur, et il m’a provoqué la même sensation qu’à la lecture « des Métamorphose » de Kafka.

D’ailleurs, pour l’anecdote il semble que rien ne m’aurait poussé à lire ces deux romans si ce n’avait été pour le travail et mon côté contradicteur. Le premier de Kafka je l’ai lu avec beaucoup d’humour par défis après une pseudo-agression d’un camarade à l’université. Interpellée par un professeur de littérature celle-ci me prend à partie en me confondant avec un autre étudiant qui lui avait fait part de la comparaison entre « l’étranger » de Camus et les métamorphoses. N’ayant pas le temps de dire que ce n’était pas moi, n’étant vraiment pas fan de la plume allemande, une étudiante me coupe la parole et m’agresse littéralement en me traitant de menteur. Petit souvenir qui me fait rire aujourd’hui, puisque, je n’ai jamais eu l’occasion d’en dire quoi que ce soit m’ayant coupé la parole. Le soir même j’achète ce roman le lit en une heure dans le métro et le lendemain m’amuse à prendre la parole, le livre à la main pour le comparer et agacer ma joyeuse camarade, grande fidèle de la religion d’Augustus CARP…

Ce qui est drôle dans tout cela c’est que j’ai détesté lire se livre. La descente aux enfers d’un jeune homme qui hallucine devenir un cafard est retranscrite avec une telle splendide horreur, que vous-même êtes pris aux pièges de mots de l’auteur, comme aliéné par le livre à la torpeur que ressent son personnage. Vous devez terminer pour vous échapper de ce cauchemar dramatique. Si certains d’entre vous se demande ce que c’est la schizophrénie, je les invite à lire ce livre. Vous comprendriez la réalité du morcellement de la psyché soit d’une angoisse, qui vous pousse à délirer et prendre la voie de l’hallucination.

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Au Japon ceux qui s’aiment ne disent pas je t’aime

 

livre à lire : 6 divans /10

 

Voilà un joli livre qui vous laisse à entendre la différence des cultures. Il est devenu commun d’entendre parler de différence, du sentiment de se sentir unique, cependant ce n’est pas si simple. Parfois il apparaît que c’est l’apprentissage d’une nouvelle langue, la découverte d’une nouvelle qui permet de comprendre la réalité du mot différence. En cette période compliquée ce petit livre nous permet d’entendre quelque chose de nouveau et de poétique. Le livre se présente finalement comme un petit dictionnaire, nous faisant découvrir la culture japonaise au travers du langage. Et donne à réfléchir…

Voici un petit extrait :

Définition :

Amour : Au japon, ceux qui s’aiment ne disent pas « je t’aime » mais « il y a de l’amour », comme on dirait qu’il neige ou qu’il fait jour. On ne dit pas « tu me manques » mais « il y a de la tristesse sans ta présence, de l’abandon ». Une sorte d’impersonnel immense qui déborde de soi. La tristesse est partout, l’amour aussi. Pas de hors-champ du sentiment.

 

A contrario de l’auteur, je dirais que le langage japonais, garde le tiers séparateur nécessaire ou bon fonction de l’échange entre soi et l’autre. La distinction entre l’être et l’avoir permet d’entendre ici que l’on possède le sentiment amoureux et non que l’on ait le sentiment amoureux. Ce qui permet de garder une bonne distance d’avec cette autre qui peut facilement nous dévorer dans la passion, le « on » n’existe plus pour se tenir à un nous. À méditer… (voir l’article passion toxique ou encore qu’est-ce que l’amour)

infos : livre 126 pages, définition dans le langage et de la langue japonaise (7€) édition arlea auteur : Elena Janvier

365 mots de l’amour et de l’amitié expliqués

365 mots de l’amour et de l’amitié expliqués

Paul Desalmand et Yves Stalloni

Édition : Chêne

 

Note : 8 divans / 10

 

Ce livre m’a beaucoup amusé. C’est une source intéressante de vielles expressions que l’on avait oubliées et qui pourtant prennent encore tout leur sens aujourd’hui.

Il m’a permis de réintroduire des idées et de l’espace dans mes échanges, non seulement avec mes patients, mais aussi dans ma vie personnelle.

Comme le dit l’auteur du résumé, « pour n’accorder… Qu’en connaissance de cause » parfois on à tendance a se prendre au piège de notre inconscient, et les mots, nous, permettent de lui donner vie et sens…

 

Résumé :

« D’abandon à yeux, en passant par l’empathie, harcèlement, résilience, prétentaine, bovarysme, réseaux sociaux, confident, voyages de noces, SOS amitié, platonisme, tentation, demi-vierge, lorette, cousinage, lovelace, Éros, Vénus, Braghettone, (à l’origine surnom donné au peintre italien Daniel de Volterra qui avait été chargé par le pape Paul IV de recouvrir d’une sorte de braguette les « parties honteuses » qui figuraient sur certains tableaux) Paul Deslmand et Yves Stalloni passe en revue 365 mots du vocabulaire des sentiments amicaux et amoureux, donnant toutes les clés étymologiques et culturelles pour n’accorder son amitié qu’en connaissance de cause et ne plus flirter idiot ! Les pages sont illustrées avec humour de gravures anciennes. »

 

 

De la passion à l’amour ?

Après mes différents articles sur le couple, qui ont déjà été mis en ligne, plusieurs personnes m’ont demandé d’éclaircir les choses : la passion n’est ce pas de l’amour ? Et si ce n’est pas de l’amour qu’est-ce que la passion ?
La réponse que je peux donner à cela est : « non la passion n’est pas vraiment de l’amour », mais4e8ea70897427IMG_4218_large_medium-1 expliquons-nous… Prenons l’image d’une basket pour comprendre chaque maillon d’une relation entre deux êtres. Pour l’attacher à votre pied il vous faut un lacet, que vous allez passer entre chaque boucle et les croiser jusqu’en haut. Puis par la force des choses vous allez faire un nœud et terminer votre lacet.
La passion, c’est le lacet que vous installez sur la basket et que vous séparez pour les faire passer de chaque côté, par les différents trous. Les trous représentent chaque étape de la construction du couple. Et enfin le nœud en haut, celui qui renoue le lacet c’est l’amour, « le vrai ».
Pourquoi ? Parce que pour atteindre le véritable amour, il faut être capable de passer par les embuches de la vie, être capable de se séparer et de se retrouver, encore et encore. Pour qu’après le passage de la passion qui a aboli une part de notre personnalité, nous soyons capable de nous « reconstruire » en acceptant l’autre. Cette dernière phrase est un peu compliquée et nous l’expliquerons un peu plus loin (sinon retrouvez les autres articles)

Etape 1 : Vous rencontrez quelqu’un = sentiment de bonheur

Vous rencontrez quelqu’un et c’est un peu comme une révélation, le temps vous échappe, vous oubliez le lieu où vous êtes, le reste du monde qui vous entoure. Ce sentiment, cet état dans lequel cette rencontre vous plonge peut durer plusieurs jours, voir plusieurs années, d’ailleurs dansartoff5367 son livre « l’amour dure 3 ans », Frédéric BEIGBEDER ne fait que parler de passion.
Chacun d’entre nous à pu vivre ce genre d’instant que l’on décrira, ici, comme le bonheur.

« Eh oui ! ce moment que vous êtes en train de vivre n’est autre qu’un moment de bonheur… vous ne vous vous étiez jamais demandé ce qu’était véritablement le bonheur ? »

Le bonheur, c’est donc tout simplement l’abolition des normes spatio-temporelles (Dr Mihaly CSIKSZENTMIHALYI). Petit rappel, les normes spatio-temporelles sont encrées en nous, et cela depuis notre enfance. Nous apprenons à nous repérer dans le temps et dans l’espace pour ne plus nous perdre. Alors que le bonheur, distillé par la passion distord notre boussole interne.
C’est un peu comme quand vous lisez ou vous écoutez de la musique dans le métro, on a un peu près tous vécus cet étrange moment, qui ressemble à une absence. On est absorbé par notre livre ou notre musique, puis on se rend compte que nous avons loupé notre arrêt de cinq stations.
L’état dans lequel plonge la passion, est un état affectif, nous pourrions même jouer sur les mots et dire  « qui nous affect », mais contrairement à bon nombre de ces états, ce n’est plus nous qui sommes aux commandes. Il nous domine et nous submerge. Reprenons l’exemple du livre dans le métro pour éclairer notre propos, vous pourrez faire tout ce que vous voudrez il est presque impossible de reproduire un tel instant.

Etape 2 : le désir de retrouver le bonheur

On a tous prononcé cette phrase : « on la/le voit plus depuis qu’elle/il est avec sa/son nouvelle/eau copain/e ». Oui, l’être humain dans la plupart des cas est un être égoïste, qu’est-ce que vous voulez y faire ? La passion nous échappe quand ce n’est pas nous qui en sommes la victime et l’on oublie facilement ce que cela fait, ces premiers instants avec l’autre. Ces moments graphics-931463_1920du début où l’on veut être tout le temps avec lui/elle. Et depuis l’avènement du téléphone portable et des textos, c’est encore pire, parce qu’il n’y a plus de limite. L’espace et le temps, sont vraiment rompus. Nous entrons ici dans une aire d’illimité et sans frustration…
Ces deux êtres qui se sont rencontrés, ont dû se séparer, première étape de la douche froide, la rupture du lien. Lien que l’on voudra quoi qu’il arrive renouer, retrouver, pour se replonger dans ce bain de bonheur sans espace ni temps.

Vous me direz peut-être : mais alors ce n’est pas l’autre que nous cherchons à retrouver ?

« Non, en réalité comme tous les drogués ce n’est pas le produit que vous voulez mais bel et bien l’état dans lequel il vous plonge ».

Chacun d’entre nous ne désire donc qu’une chose retrouver ce moment, que les fumeurs connaissent bien, de la première bouffée du matin. Je me souviens, l’un de mes profs de neurosciences, nous a expliqué qu’au final les fumeurs n’ont besoin que de cette première bouffée qui réveille le cerveau et qu’après les autres cigarettes sont inutiles, le cerveau est saturé.
Ce qui voudrait donc dire que dans la passion l’autre n’existe pas… beaucoup de mes patients me disent : « au début, je faisais tout pour qu’il/elle m’aime ». Je me souviens d’une patiente qui se levait le matin pour se remaquiller avant que l’homme qu’elle avait rencontré ne se réveille. Quand on dit que la passion est un état irraisonné, ce n’est pas pour rien. Qu’est-ce qui pousse une marie-claire-dependance-affectivefemme à faire une telle chose ? Et ne vous êtes vous jamais demandé, si la personne que vous présentez à l’autre, n’est pas un personnage ? Souvent on me demande comment les drogués en arrivent là où ils en sont… je réponds de manière invariable : de la même façon que vous l’avez fait pour garder l’homme/ou la femme que vous avez… on fait des concessions avec soi-même.

La raison c’est ce qui nous permet de faire la distinction entre le bien et le mal dirons-nous. Donc quand l’on se trouve plongé dans un état suffisamment puissant pour que cela devienne flou que se passe-t-il ? Et quel prix sommes-nous prêts à payer ?

Etape 3 : le retour à soi-même

Concession, voilà un bien vilain mot pour notre 21eme siècle. Dans un monde où l’on vous dit que vous pouvez tout avoir, maintenant et tout de suite pourquoi ferions-nous des concessions ?
La passion nous embrume l’esprit, et abolit notre capacité de jugement, on fait cela pour être miroiravec l’autre, cet autre qui nous permet d’être heureux, mais jusqu’à un certain point. Plus le temps passe et moins nous arrivons à retrouver cet état de bonheur. C’est alors que notre conscience se « réveille/révèle » à nous-même, que l’on se souvient : de nos amis, de nos collègues, de notre famille, du temps qui passe, de notre travail, de nos activités que l’on avait abandonnés… Oui, l’esprit cherche ce qui nous rendait heureux avant lui/elle. L’esprit est une balance, quoi qu’il arrive il recherchera ce que l’on appelle l’homéostasie. C’est l’état de balance entre le bon et le mauvais. Si l’autre ne nous rend plus heureux alors quelqu’un ou quelque chose d’autre le fera. Et ce retour à la réalité est difficile, comme les lendemains de cuite. On se rend compte qu’en chemin l’on s’est perdu, certains ne savent même plus qui ils sont, tellement le temps et l’espace se sont distordus. D’autres moins enclin à se sacrifier sur l’autel du bonheur, ont réussi à garder une distance. Mais quoiqu’il arrive après le passage de la passion, il y a toujours comme après une tempête, des choses à reconstruire.

Etape 4 : l’amour

Reconstruire quoi et comment ? Il y a plusieurs solutions qui n’aboutissent pas toutes à la même chose.

  1. Pendant la passion, au fur et à mesure, la rencontre avec l’autre a permis la connaissance de cet autre. Une identité réelle dirons-nous s’est construite et vous avez appris à partager votre vie avec lui/elle. A partir de là, une relation peut perdurée de manière sereine.
  2. Pendant la passion, il y a eu fusion, c’était violent et fort. Il ne reste rien, tout s’est consumé. Vous vous êtes perdus, et comme un noyé qui respire à nouveau, vous avez besoin de vous retrouver en lieu sûr, sur la plage là où vous avez pied, parfois pire vous ne voulez que le sol ferme sous vos pieds et nous voulez plus jamais retourner dans l’eau. Vous pensez que l’autre est cette tempête qui vous a submergé et ne voulait ou ne pouvait plus le/la voir/e.

De la passion à l’amour, il n’y a qu’un pas…mais c’est un pas compliqué. Souvent en thérapie on se rend compte que certains ne comprennent pas, ce que celui-ci représente. Dans la passion l’autre n’existe pas, parce que notre désir impérieux de bonheur remonte à l’enfance, c’est le désir de faire un… (Prochaine article)

Passion Toxique

Quand la passion devient-elle malsaine ?

Quand l’amour devient-il monstrueux ? Depuis quelque temps on parle beaucoup de pervers narcissique, et si cette chimère n’existait pas, et que l’on avait créé ce monstre comme bouc émissaire, pour comprendre ce que l’on ne comprend pas toujours. Je dis souvent à mes patients que pour faire une relation il faut être deux, et que c’est cette relation qui peut finalement avoir des allures perverses pour l’un comme pour l’autre. Ici je présenterai donc les débuts de ce qu’est un amour pervers, ou, la passion qui peut être vu comme une drogue. Pour toutes ces femmes et ces hommes qui sont accro à leur amant et à leur maitresse…

L’amour peut il être un toxique ? Au même titre que les produits pharmaceutiques que nous apothecary-437743_1920consommons pour atteindre d’autres sphères ? Selon P. Aulagnier (1975) « le toxique nous apparaît comme – au delà de la substance » ce serait donc un lieu transitionnel, un entre deux mondes, où pourrait se développer l’imaginaire mais « qui a cette particularité de détruire, de se substituer au psychisme lui-même ».

Conjugopathie

Comme le présente M. Reynaud (2010/07), nous ne pouvons voir que superficiellement unemarie-claire-dependance-affective différence entre l’état amoureux et l’addiction à un produit. C’est à cette jonction qu’il faut marquer la distinction, ainsi il ne faudrait plus utiliser le terme d’état amoureux, mais de passion amoureuse. Ce qui n’est plus exactement la même chose. Cette passion amoureuse, se traduirait par une intense motivation et un besoin impérieux de l’autre. Il peut donc être envisagé une conception psychopathologique d’un trouble de la passion amoureuse, « caractérisé (…) par des modalités problématiques des relations amoureuses entrainant une détresse significative et la persistance du comportement malgré la connaissance de ses conséquences néfastes ».

Nous pouvons en faire une rapide description clinique, qui bouleverserait le fonctionnement cérébrale à trois niveaux : les sensations, les émotions et les cognitions. C’est sur cette dernière notion qu’il est important d’insister. Puisque l’altération cognitive du sujet, passe par la focalisation de l’attention, « l’amoureux focalise la quasi totalité de son attention sur l’être aimé (…) souvent au détriment de tout et de tous autour de lui (travail, famille et amis). Il y a aussi un envahissement de la mémoire et de la pensée ».

5683848Le besoin de l’autre arriverait par la question du manque (ou frustration) et par l’incertitude de pouvoir retrouver l’être aimé ou non. Ainsi cela proposerait l’idée que des émotions douloureuses, dues justement à la frustration ou l’incertitude d’une réponse se traduirait selon les cas, par l’anxiété ou/et la dépression. On peut concevoir la relation de l’anxiété avec l’image de la « douche écossaise », un coup froid un coup bouillant, soit ici l’alternance d’état ayant un fort pouvoir addictif. Les cognitions seraient donc dominées par l’incertitude, ce qui renforcerait le besoin de recherche de l’autre. C’est en lien avec l’idée de « l’effet Romeo & Juliette », les difficultés ou l’adversité, en faisant craindre le manque et l’absence de l’objet, et qui feraient s’accroitre la passion.

Néanmoins, pour pouvoir parler de pathologie, il faut que l’envie soit devenue un besoin, que la souffrance ait pris le pas sur le plaisir et que le manque soit devenu préremptoire. Le sujet continuerait alors, qu’il devrait arrêter, malgré l’humiliation, la honte et les conséquences néfastes. Celui-ci irait jusqu’à devenir esclave de ses sentiments. L’autre devient à ce moment-là « sa drogue », il est accroché, attaché.coeur-en-cage

Il faut pour comprendre le mécanisme menant du plaisir à l’addiction amoureuse, un préalable qui passe par l’idée, d’une certaine prédisposition entre un individu, dit vulnérable, et le produit qui lui serait plus ou moins addictogène. On émet ici l’hypothèse, d’une liaison entre le sentiment de manque et la composante de l’anxiété. Elle pourrait engendrer cette fragilité chez le sujet, et être, en lien même avec le style d’attachement précoce.

Discussion 

Être drogué, ce n’est pas forcément ce que l’on croit : accro à la coc, aux jeux  vidéo… finalement on peut être aussi accro à l’autre, à son odeur, sa présence, à ce qu’il représente… L’amour passion, peut devenir une drogue pour chacun d’entre nous et nous pousser aux pires folies, aux pires sacrifices.

Qu’est-ce qu’un couple ?

Le couple est un groupe

Selon Jean-Paul Gaillard (2009/1) le couple serait la plus petite forme de l’institution. Cela hands-437968_1920voudrait dire qu’il représenterait la plus petite unité du groupe. Pourtant aujourd’hui, le couple n’est plus véritablement reconnu pas la législation. Il est à entendre ici, que la notion de couple n’a plus la même importance que par le passé. Où il était considéré comme une alliance entre familles, villages, ou bien encore, pays. Cela a des conséquences, ce manque de considération fragiliserait le couple, dans l’organisation de ses relations. Selon Phillipe Caillé, psychiatre et thérapeute du couple et de la famille, « s’il n’y a plus de serments ou autres (rites de passages), cela engendre l’idée qu’une relation de couple constitue elle-même sa propre justification et que son existence n’a de sens que dans une perspective de durée ». Alors qu’est-ce qui obligerait 2 personnes à rester ensemble si ça ne va plus ?

Composition d’un couple

addition-jpg-20150902151254.jpg~q80,dx720y432u1r1gg,c--Le couple se compose de deux individus, c’est ce que l’on nomme la relation en mathématique, soit l’interaction entre deux éléments. Il faut que ceux-ci se découvrent des affinités dites sélectives. La relation unissant deux individus transcenderait ainsi ce que l’on appellerait « le destin individuel ». C’est l’idée, qu’une personne deviendrait membre d’un nouveau système, qui se fonde sur des choix dit mutuels, pour le bien du « gr-couple ».

Comment se structure le couple ?

L’idée de mode d’interaction la plus pertinente pour comprendre le fonctiopair-167267_1920nnement d’un couple viendrait de Marcel Mauss (1923). C’est l’idée qu’il nomme, le cycle du don. Il s’agirait de l’établissement d’une circularité oroborienne (serpent qui se mord la queue) dans la relation. Cette compréhension du couple provient de Nouvelle-Zélande, où  pour certains  peuples, il y a un cycle que l’on nomme « Hau ». Cela réside dans le fait que le don contient un fort pouvoir symbolique, et que celui-ci exige, une récompense. Celui qui négligerait ce cycle, se verrait soumis au pouvoir d’autres cycles, comme celui de la vengeance. Pour que le cycle fonctionne, il faut qu’il y ait un facteur « croyance ». Si l’on en revient à l’idée du couple et de P. Caille « aucune relation humaine ne sera s’inscrire dans la durée sans croire en un facteur transcendant qui rend naturel…».

Comment se maintient le couple ?

Mais revenons en à l’idée d’affinité sélective ou autrement nommée par P. Caillépuzzle-1020426_1920 à la collusion ou une complicité. Celle-ci impliquerait l’idée que chacun des membres du groupe ou du couple devraient accepter de ne développer que des parties de lui-même, conformes aux besoins de l’autre. Ce qui fait ici appel à l’idée de la complémentarité, ou selon beaucoup d’auteurs, ce concept peut aller de pair avec les notions d’égalité ou de hiérarchie. Dans le premier cas, cela  sous-entendrait que chacun dans le couple est différent, mais se complète. Et dans le second cas que l’un des partenaires est supérieur à l’autre. En avançant cela, on ne peut faire l’impasse sur la limite entre la soumission et l’aliénation à l’autre ou encore, entre l’autorité et le sadisme.

Dans un couple, il y a souvent l’idée d’une inégalité entre les conjoints, ce qui pose la question de savoir, d’où pourrait provenir cette inégalité dans la relation ?

Bibliographie

  • CAILLE P. (2004) : Un et un font trois. Le couple d’aujourd’hui et sa thérapie,
    Éditions Fabert, Paris.
  • Gaillard Jean-Paul, « Le couple contemporain : entre institution et connexion », Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux, 2009/1 n° 42, p. 13-25. DOI : 10.3917/ctf.042.0013

L’attachement, un détour historique pour envisager le couple

Pourquoi dit-on que tout vient des parents ? Que tout est de la faute des parents ? Que disent les chercheurs sur la question de l’attachement ? Puis qu’est-ce que l’attachement en psychologie de quoi parle-t-on ? Voilà pour vous une petite présentation sur la théorie de l’attachement, qui nous permettra d’avancer sur la question du couple.

  • René A. SPITZ

baby-203048_1280Pour envisager la théorie de l’attachement nous devons faire un détour dans l’histoire, pour s’intéresser à quelques grands chercheurs qui ont révolutionné notre conception de cette notion. Pour commencer, Il faut faire un crochet par Spitz.

D’après ce dernier, la mère acquiert au cours de la première année de vie de l’enfant le statut particulier « d’objet« . Elle n’est pas perçu objectivement, comme une personne entière. Ce serait en venant satisfaire les besoins alimentaires du bébé, que la mère ou son représentant, prendrait cette place. L’attachement se base donc sur le comportement qui va se développer entre eux. c’est ce que l’on va appeler un « prototype des relations sociales ».

  • Harry HARLOW

A la suite de Spitz, Harlow découvre que les besoins sociaux seraient primaires chez le bébé, et qu’ils se doivent d’être satisfaits de manière indépendante des autres besoins. C’est d’après ses recherches effectuées sur les animaux, comme le petit singe (ci-dessous),harlow1 qu’il a pu être constaté que le besoin de nourriture est volontairement sacrifiée, au profit de celle du contact. Selon lui le comportement d’attachement, chez le bébé, aurait pour fonction première une demande de protection. le bébé pourra progressivement se décoller de la mère en peluche pour se nourrir tout en gardant un oeil sur elle. Il y aurait donc une association entre besoin de protection et sentiment de protection. Cela sera nommé le « lien d’attachement » : « l’attachement étant l’ensemble des processus sous-jacents à la recherche et au maintien de la proximité avec une personne particulière de l’entourage de l’enfant, généralement celle à qui sont dévolus les soins à prodiguer à l’enfant…  ».

Attention : il est à  noter que l’enfant ne construit pas seulement de « working model » de sa mère. Il le fait aussi à partir des relations avec d’autres personnes de son entourage, comme le père… Le bébé ne s’attache donc pas exclusivement à la mère, il peut se lier à plusieurs personnes de son environnement avec le temps, on parlera d’une hiérarchie des liens. Les conduites d’attachement pourraient donc être différentes selon l’interlocuteur. Tout ne repose donc pas sur les épaules de la mère. Ce qui sous-entendrait que nous n’avons pas qu’un seul « prototype des relations sociales  », comme le pensait Spitz.

  • Mary AINSWORTH

Pour poursuivre sur la notion d’attachement, il faut passer par les travaux réalisés par Ainsworth. mary-ainsworth-and-babyCeux-ci permettant la mise en évidence des comportements d’attachement vis à vis de la relation entre la personne qui donne les soins et le bébé. D’après cette dernière, les comportements d’attachement se mettent en place de manière différente selon chaque enfant. cependant la mise en place de ceux-ci, sont étroitement liés aux comportements de celui qui fait ou donne le soin. Il faut savoir que tout autant que nous les adultes, les bébés aussi ont leur caractère. Ce qui veut dire que chaque parents doit réussir à s’adapter à son bébé.

Pour Ainsworth, il faudrait différencier trois types de « caregiver » (soin). Le premier type de réponse sera plutôt sensible et adapté aux besoins. Un second type que l’on nommera d’aléatoire, avec des conduites dites incertaines. Et un troisième que l’on dira intervenant ou rigide. Pour déterminer les différents types de « caregiver » (soin), les recherches se sont portées sur le degré de sensibilité du rapport entre la mère et l’enfant. Cette recherche a pu mettre en évidence, l’impact que le type de relation avait sur la formation de l’attachement pour l’enfant.  En 1978 Ainsworth a postulé, que la qualité du lien aurait une stabilité importante au cours du développement, et ce jusqu’à l’âge adulte.

  • L’attachement dans le couple, un début d’idée de liaison vers l’âge adulte

holding-hands-924942_1920Selon Michel Delage « l’homme comme être social est dans la nécessité biologique d’être en lien, pour réguler ses émotions, apaiser les circonstances stressantes de son existence, mieux penser et donner du sens à sa vie ». Le besoin d’attachement adulte n’est donc pas si éloigné dans sa conception de celui de l’enfant, Il semblerait cependant quelque peu différent mais en quoi ?  Ainsi pour l’adulte nous ne pouvons pas parler de besoin vital de protection, celui-ci pouvant subvenir seul à ses besoins comme se nourrir s’il a faim, se coucher quand il est fatigué et ainsi de suite… Nous pourrions donc parler plus d’un besoin « vital » de contact avec l’autre. Par ailleurs, le mouvement ne serait plus unilatéral, pour l’adulte, chaque individu qui compose le couple deviendrait une figure d’attachement pour l’autre, ce qui change grandement la donne.

Conclusion

Ici ce n’est qu’une présentation rapide d’une notion bien vaste en psychologie, mais c’est un début pour comprendre pourquoi nous disons que notre manière d’aimer est la résultante de la manière dont nous avons été aimé.

Bien que l’attachement adulte soit hérité de celui de l’enfance, il n’en reste pas moins qu’il peut se transformer au contact de l’autre, au sein de la relation de couple. C’est justement l’idée de bilatéralité qui est au centre de cette nouvelle forme d’attachement. Cela serait donc un processus dynamique dans le temps et organisateur de la relation elle-même. A la différence du bébé, l’adulte est indépendant, du coup il n’est plus soumis par la force des choses à l’environnement. Il faut entendre par là, que l’attachement ne s’établit plus sur une question de protection mais sur un besoin de contact. Et c’est ce besoin qui va permettre à certaines personnes de changer leur « prototype des relations sociales« . C’est comme s’il pouvait s’opérer, au contact de l’autre, un remaniement, rien ne serait donc complètement immuable, l’Homme peut changer et apprendre.

On peut souvent entendre : « avec elle/lui, il/elle a  changé… leur relation l’a  transformé », comme si ce changement était une mauvaise chose. Et si c’est le cas ne vous êtes vous jamais demandé pour qui c’était une mauvaise chose ?

Bibliographie

  • Ainsworth M. D. et Wittig B. A. (1969), Attachment and exploration behavior of one-year-olds in a strange situation, in B. M. Foss (ed.), Determinants of infant behavior, vol. 4, London, Methuen, 111-136.
  • Ainsworth M. D., Blehar M. C., Waters E. et Wall S. (1978), Patterns of attachment : A psychological study of the Strange Situation, Hillsdale, NJ, Lawrence Erlbaum Ass.
  • Harlow
  • Delage M., « Comment s’attache-t-on dans un couple ?. », Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux 1/2009 (n° 42) , p. 87-105
    URL : www.cairn.info/revue-cahiers-critiques-de-therapie-familiale-2009-1-page-87.htm.
    DOI : 10.3917/ctf.042.0087.

Comment l’amour ? Un point de vue psychologique des bienfaits de la frustration et de la mise en place de l’amour

Qu’est-ce que l’amour ? Existe-t-il plusieurs formes de ce que l’on peut appeler Amour ?

ShameDans une société autant sexualisée que la nôtre, ou des films comme Shame (2011) nous montrent tout, et mettent à nu la réalité dans toute sa splendeur, où des applications nous permettent de géolocaliser l’autre pour un « plan cul », choisi sur les critères d’une simple photo, où nous n’avons plus de place ou encore le temps d’apprécier ses imperfections, comment faisons-nous pour surmonter nos simples besoins ? et alors que nous avons tant de média pour communiquer pourquoi nous sentons nous si seul ?
Nous pouvons nous interroger sur l’idée de comment se construit véritablement l’amour. La question serait de savoir, s’il n’est pas le résultat de l’attente frustrante face au besoin sexuel que l’on a envers une autre personne ? Il faut entendre par là, l’idée que pour créer les fondations véritables d’un couple, il y aurait un besoin d’une « dose » de frustration.

D’après C. David (1996) ce qui rassemble les différentes formes d’amour dont tout le monde parle, Ce serait ce que l’on appelle la libido. L’amour, n’aurait pas de carburant pour avancer, ni la propulsion nécessaire et suffisante pour être créatrice de quelque chose, sans cette étincelle qui serait le besoin sexuel. L’amour s’étayerait donc en premier sur notre corps et en second lieu dans notre esprit, en sommes nous certains ?

En premier sur notre corps et En second dans notre esprit

Dans un texte de V. Jadoulle (2004) nous pouvons lire une explication de l’état amoureux comme ceci «  une impression de changement du sentiment de soi, de son corps et du monde perçu, le surinvestissement de l’imaginaire et la négligence des données et des exigences du réel, une surestimation de l’objet aimé, une dépendance étroite à celui-ci avec un rétrécissement du champ relationnel et perceptif, ainsi que l’envahissement de la pensée par la représentation de l’être aimé ». Quand on parle d’amour la plupart du temps, on parle en réalité des débuts de la passion. Nous nous retrouvons d’ailleurs tous, plus ou moins bien dans cette description. Ce sentiment grisant de se perdre en l’autre. Cette sensation de ne plus vouloir se séparer de lui. Nous oublions nos réalités personnelles, nos contraintes de tous les jours et nos emplois du temps si chargés deviennent d’un seul coup plastiques, jusqu’à un point de jonction ou de rupture (nous aborderons ce sujet dans un prochain article).

L’état amoureux passerait donc d’abord par « la file_main_image_11777_1_lettre_bebe_maman_11777_01_1500X1000_cache_640x360recherche du paradis perdu », de la petite enfance. Nous savons que l’amour s’étayerait dans un tout premier temps sur une fusion entre le bébé et son monde. Ce serait la rupture de cette fusion qui serait à l’origine de la perte du paradis (voir article sur l’attachement).

La relation entre la mère et son bébé évoluant, il doit normalement arriver un temps entre la demande impérieuse du corps de l’enfant (faim, sommeil, …) et la réponse. Nous parlerons ici d’une mère dite « suffisamment bonne et frustrante ». Ces qualités mises en action, doivent permettre à l’enfant de se dissocier d’elle. C’est la possibilité de frustration de la mère envers son enfant, qui permet de ce fait la formation de « l’imaginaire originaire », donnant la possibilité à l’enfant, mais aussi à l’adulte, d’appréhender et de survivre à l’état de manque dû à ses besoins (en premier lieu).

Qu’est-ce que la frustration aujourd’hui dans notre société?tinder

Rappelons-le aujourd’hui les applications, que l’on retrouve sur nos portables, nous permettent de choisir l’autre comme on choisit son jambon, et dans la foulée d’être dans son lit, en un click. Nous pourrions donc envisager ici, que la société ne laisse plus le temps aux gens de développer cette zone si fragile entre le corps et l’esprit. Cette zone qui selon nous, serait l’épicentre du sentiment d’amour naissant entre deux êtres. Ce temps qui disparaît aujourd’hui s’appuyait, selon nous, sur la frustration elle-même, entre le besoin et le désir. Il n’y aurait donc plus de place pour ce temps créateur, cela empêchant le rêve et le fantasme de se développer, au profit de l’idée actuelle de l’avoir et le posséder.
L’idée même de l’amour telle que nos ancêtres la voyaient, serait-elle vouée à disparaître au profit de la passion ?

Comment ptraffic-lights-514932_1920ouvons-nous encore l’appliquer pour la création d’un couple ? Est-ce que ce serait ce que dans les magazines, certains journalistes appellent la règle des trois ? En 1. vous rencontrez quelqu’un et vous allez prendre un café, puis en 2.  vous allez au ciné pour un second rendez-vous, et enfin en 3. le fameux resto, est-ce cela la frustration aujourd’hui ? Cette attente, même minime, pourrait-elle donc faire naitre un désir plus solide envers l’autre, nous permettant de lui donner une identité désirable, mais aussi à la fois désirée ?

Conclusion

Notre société perdue dans les méandres de la consommation, nous laisse à entendre qu’il ne faut plus attendre. Posséder devient une nécessité de notre siècle, et cela semble avoir des répercussions sur notre mode, même, d’être au monde.
L’amour serait en deux temps, ou à deux vitesses. Un premier temps de fusion, que nous appelons finalement la passion. Ce premier moment où comme dans l’enfance il n’y a plus d’espace ni de temps entre l’autre et nous. Puis un second temps où viendrait inexorablement l’instant ou nous reprenons conscience de nous même. Et ce serait à partir de là que le couple pourrait se construire et le véritable amour apparaitre.

Étape qui est compliquée pour chacun des couples qui se sont créés sur la passion, sans attendre, imposant sur ce qu’ils vivent le mot d’amour. Sur cette dernière, la passion, il n’y a aucune base, aucun manque, aucune frustration.
Nous l’avons montré, la frustration finalement permettrait d’envisager l’autre non plus comme le sujet de notre passion mais comme l’objet de notre amour. La frustration nous permet d’appréhender l’autre, comme une personne à part entière. Ce temps nous donne la possibilité de nous soustraire de nos besoins, de nos fantasmes, de nos désirs passionnels, et d’apprendre à connaître tout simplement la personne assise en face.
Pourquoi dans les relations passionnelles cela ne se passerait pas pareil me direz-vous ? Tout simplement parce que dans la consommation de la chaire l’autre n’existe que dans la satisfaction. Et à ce moment-là pouvez vous honnêtement dire que vous connaissez l’autre, ou n’est-il que le reflet de votre imaginaire ?

Bibliographie

  • Athanassiou, C. (1986). Déni et connaissance. Revue Française de Psychanalyse, a soi même étranger (Déni, désaveu), 4, 1125-1144.
  • David C. (1996). Post-scriptum à l’état amoureux. Revue française de psychanalyse n°60/1996, p. 633-642
  • Jadoulle V. (2004). Quelques enjeux inconscients de l’état amoureux, Cliniques méditerranéennes, 2004/1 no 69, p. 127-138.

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