Dossier trouble du sommeil chez l’enfant : article 1

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La peur du noir qu’est-ce c’est ? Vous êtes vous déjà demandé ce qu’était vraiment la peur tout simplement avant celle du noir ? Et ensuite ce qu’était cette peur pour l’enfant ?

 

 

Selon le Larousse, la peur c’est :

  • Sentiment d’angoisse éprouvé en présence ou à la pensée d’un danger, réel ou supposé, d’une menace (souvent dans avoir, faire peur) ; cette émotion éprouvée dans certaines situations : Trembler de peur.
  • Appréhension, crainte devant un danger, qui pousse à fuir ou à éviter cette situation : La peur du ridicule.
  • Crainte que quelque chose, considéré comme dangereux, pénible ou regrettable, se produise (surtout dans avoir peur) : Les médecins ont peur qu’il s’agisse d’une pneumonie.
  • Crainte du jugement, des réactions de quelqu’un, qui fait qu’on adapte son comportement, qu’on obéit à certaines consignes : Elle a plus peur de son grand frère que de son père.

La peur est un mécanisme de défense instinctif, c’est phénoménologique. Cela veut dire que c’est un mécanisme ancré dans nos gènes. Pour certains scientifiques, cela remonterait à l’origine de nos  ancêtres les plus lointains, où l’homme n’était pas le maitre du monde. La peur est donc un3075388569_1_5_BCil2xnA mécanisme de défense qui se met en place quand on pense avoir identifié un danger. Lorsque que la peur nous envahit, nous avons des automatismes physiques qui se mettent en place. Par exemple : accélération de la respiration et du coeur, tremblements, les muscles se tendent parce qu’ils se préparent à l’action, et l’attention s’aiguise. Tout cela se passe donc en premier lieu dans le cerveau  qui a 2 objectifs : mobiliser les ressources et évaluer la situation, deux objectifs pour deux zones différentes de notre cerveau :

  1. La première c’est celle que l’on appelle « thalamus » : est chargé de dispatcher les informations sensorielles.
  2.  Puis quand un danger est détecté par nos sens, un message est adressé par le thalamus à « l’agmidale ». C’est une réponse en oui /non. Si la réponse est oui, alors le corps se met en alerte. Cela se traduit par un mécanisme de défense appelé : combat/fuite. Différentes hormones du stress vont être produites pour faciliter nos réactions.

En même temps la nature du danger va être analysée, tout simplement parce qu’il faut savoir s’il faut maintenir l’état de vigilance ou revenir à un état dit normal ou calme.  Ce sont  2 autres parties du cerveau qui s’occupent de ce travail :

  1. « le cortex sensoriel » qui va attribuer un sens à ce que l’on a pu percevoir comme menace et
  2. « l’hippocampe » qui lui, va venir replacer cette menace dans un contexte. Pour faire ça, il va falloir au cerveau, réaliser des comparaisons avec les différentes expériences qu’il a déjà vécues.

Grâce à cette mécanique bien huilée depuis des millénaires, le cerveau va pouvoir prendre la décision de maintenir l’état de vigilance aussi longtemps que nécéssaire ou revenir au calme.

Nous découvrons ici que l’expérience va permettre de traiter l’information de la menace. Ce qui veut dire que plus nous avons eu d’expériences, plus nous pouvons traiter rapidement l’information et permettre au corps de revenir à un état normal. Revenir à un état dit d’homéostasie est important, parce que celui de vigilance demande beaucoup de ressources et épuise très rapidement les capacités du corps humain. Nous avons tous fait l’expérience d’avoir une frayeur et, d’être épuisé juste après, comme si l’on avait couru le marathon de Paris. Alors essayez d’imaginer ce que peut ressentir un bébé ou un enfant quand il est face à ce que lui identifie comme une menace. Maintenant demandez vous quelle expérience celui-ci a déjà vécu pour stopper l’état de baby-1231442_1920vigilance ? Ca y est vous commencer à voir où je veux en venir ?

Un bébé n’a aucune expérience de peur pour ainsi dire, avant ça naissance. C’est après quand il fait la découverte des sensations qui proviennent de son corps : comme la faim. C’est ici la première perturbation que l’enfant va ressentir, perturbation qui veut dire plusieurs choses :

  1. il va falloir être nourri
  2. il va falloir que quelqu’un me nourrisse

Comme nous l’expliquerons dans un autre article, dans un premier temps les parents sont énormément dans une réaction immédiate, pour ne pas laisser souffrir l’enfant. Puis au fur et à mesure de votre épuisement, du temps va se mettre entre le pleur et la satisfaction. Cela va produire deux choses :

  1. la peur que l’on ne soit pas nourri
  2. mais aussi et surtout, l’idée que ce qui nous nourrit, est différent de nous. Cette idée est un concept des plus importants pour l’avenir de votre enfant.

Tous parents, normalement bons, cherchent à rassurer son enfant, verbalisent ce qui se passe, ce qu’il ressent. Pourtant tous les enfants n’intériorisent pas l’expérience de la même manière. Là aussi il y a un point important que les parents se doivent de prendre en compte, tous les enfants sont différents. l’expérience de séparation ne sera donc pas intériorisé de la même manière par tous. Cette séparation va mettre une première distance entre soi et, nous dirons, « l’objet ».baby-1270030_1920 Pourquoi l’objet ? Parce que dans un premier temps il n’a pas de nom. Pour l’enfant, le parent, qui nourrit, n’est qu’une chose qui le regarde et qu’il regarde, qui lui apporte ce dont il a besoin. Plus exactement qui obéit à ses ordres, qui satisfait ses besoins. Puis avec votre aide, il y aura une seconde séparation le jour où, il vous nommera papa ou maman, mama, ou baba… Vous êtes une chose nommable, donc différente de lui. Vous devenez la chose qu’il peut appeler, mais vous devenez aussi l’objet qui pourrait, ne pas répondre à son appel. Vous devenez un objet de peur. Puis au fur et à mesure ce n’est plus vous, l’objet de peur, mais la séparation, le vide qu’il peut y avoir entre lui et vous.

 

Conclusion :

Revenons à la peur du noir, qui est, comme nous l’avons dit, une perte de repères, un vide qu’il faut remplir. Ce vide, qu’il doit remplir, c’est l’espace qu’il y a entre vous et lui. Il reconnait dans le noir ce moment angoissant ou vous pourriez ne pas répondre à son appel. Quand votre enfant a grandi, ce n’est plus pour la faim qu’il a peur du vide, souvent les enfants parlent d’une chose qui pourrait surgir du noir. Cette chose est une mentalisation de l’imaginaire, une réponse intuitive du danger qui pourrait se cacher dans le noir. Une chose qui vient remplir le vide. Une mentalisation qui vient comme une réponse lui permettre de nommer ce qui lui fait peur, être séparé de vous.

Bibliographie :

  • Parot, F. (1995). L’homme qui rêve. Paris : PUF.
  • Luis Alvarez, Bernard Golse,  La psychiatrie du bébé, 2e éd., Paris, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2013, 128 pages. ISBN : 9782130621508
    Lien : <http://www.cairn.info/la-psychiatrie-du-bebe–9782130621508.htm>
  • A. Bridoux, C. Monaca. Sommeil normal et neurobiologie. La Lettre du Pharmacologue • Vol. 24 – n° 1 – janvier-février-mars 2010

Lien pour aller plus loin sur le sommeil :

 

Dossier trouble du sommeil chez l’enfant : Article 3

la peur du Noir

« La couleur noire absorbe tout, la nuit noire, tout est absorbé... » Voilà ce que me dit un enfant pendant une consultation. Il vient me voir parce qu’il a une peur terrible du noir et des monstresmonstre-cie-pika qui se cachent dans l’obscurité et qui pourraient l’emporter, « mais où ? » lui demandai-je. Il ne sait pas « où vont les couleurs ? Où qu’il va le bleu du ciel ? » me demande-t-il de manière tellement pertinente pour un enfant de 5 ans. Comment répondre à ça ? en lui disant nulle part, ce qui serait tout aussi angoissant que partout ailleurs finalement. Puisque ce « nulle part » le rendrait tout aussi impuissant que ce « partout » où il pourrait être entrainé. Puis vient la question d’après, mais qui voudrait t’entrainer dans cette obscurité ? Il ne sait pas, il a peur que quelque chose surgisse, et me lance comme ça, sans conviction comme si j’allai me moquer de ce qu’il dit, « les montres qui se cachent dans le noir, comme dans le dessin animé « Monstres et compagnie« .

 

Dans cet échange il y a presque toutes les réponses à ce que peut être la peur du noir. Il a peur , il a un  » Sentiment d’angoisse éprouvé en présence (ou à la pensée) d’un danger réel ou supposé, d’une menace » (Larousse). Et pour lui cette menace viendrait du noir ou, de ce qui pourrait dans un deuxième temps s’y trouver.

 

Alors comme beaucoup d’autres articles, je pourrais reprendre l’idée de la perte des repères. Parce qu’il est évident que le monde, pendant la journée, est un monde que l’on connait, sur la gauche il y a l’armoire et je vois ce qu’il y a dessus, à droite le placard et je vois ce qu’il y a dedans. Mais est-ce vraiment nécéssaire d’expliquer ça ?  Ou vaut-il mieux reprendre ce qui se passe et, comment cela se passe pour lui ?

 

Dans un précédent article, j’explique que l’enfant est assailli de nouvelles sensations à partir de la naissance. Et facteur important, à prendre véritablement en compte, c’est que ces sensations nouvelles apparaissent sans prévenir : la faim, la soif, la fatigue, le froid, le chaud… Ce sont dans un premier temps que des sensations désagréables. Avoir faim, pour un adulte, c’est déjà pas drôle mais imaginez pour un enfant, ce creux qui vous dévore, et que vous ne savez pas ce que c’est ? Tout cela n’est pas très rythmé au début. Et comment voudriez vous que ça le soit ? Votre enfant était relié à une batterie qui l’alimentait h24. Mais avec le temps, votre enfant va se mettre comme chaque être au monde au diapason, le jour et la nuit vont venir donner le tempo dans son monde, comme dans le votre. Tout cela c’est un peu les repères dont on parle en psychologie. C’est donc d’abord le temps, qui va venir puis, quand il sera réglé, c’est l’espace qui va venir être questionné. Est-ce que le monde à l’extérieur est aussi amovible que celui à l’intérieur ?


Rappel : Un des grands principes de la vie est, que l’on ne peut pas avoir peur de tout, en même temps. Essayez, si, vous avez peur des araignées et des abeilles, de vous mettre proche des deux. Inévitablement, vous vous préoccuperez plus de l’une ou de l’autre. Pour l’enfant c’est pareil, il ne peut pas avoir vraiment peur du monde extérieur tant qu’il a peur de son monde interne.


 

papa-bebe-miroir2Pour répondre à cette question, l’enfant va commencer par découvrir, petit à petit, ce monde au travers de votre regard. Il va vérifier en vous regardant s’il n’est pas en danger, puis dans vos mots. Puis vient indubitablement, le moment des histoires, ce moment est un moment extrêmement prolifique pour votre enfant. Parce qu’il va lui permettre de trouver des réponses à ce qui provoque de l’angoisse chez lui. N’oubliez pas qu’il n’a pas encore les mots pour parler des émotions qu’il ressent à l’intérieur de lui, ou commence tout juste. Il vient à peine d’obtenir ceux qui lui permettent de comprendre les sensations.

Nous avons aussi dit qu’il commence à se confronter à la frustration d’être impuissant à commander ce monde. Et ce monde est-il comme lui vivant ? Si oui, est-ce qu’il pourrait lui faire du mal ? le monde extérieur devient donc potentiellement dangereux, puis on est seul face à ce monde rempli
girl-535251_1920 de dangers la nuit. Des dangers sans nom, mais il faudra les nommer ces choses. Il faut les nommer, parce que donner un nom aux choses, permet de récupérer un peu de pouvoir sur celles-ci. Les cris n’ont plus fonctionné, puis il a commencé à vous appeler maman ou papa et vous avez recommencé à venir à lui. La nuit est donc devenue le berceau d’un nouveau monde, celui de son imaginaire. L’imaginaire de l’enfant est la fabrique industrielle de rationalisation abscons. Cela veut dire qu’avec le peu de connaissance qu’il a, en sa possession, il va trouver des réponses à toutes les questions qu’il se pose.

 

Pour terminer :

Votre enfant ne contrôle plus ce qu’il se passe, parce qu’il ne le voit pas. Ce n’est pas comme pendant la journée ou, il peut vous appeler ou simplement vous regarder pour se rassurer. La nuit, Il est impuissant et cela le réveille, ou provoque de l’angoisse. Cette angoisse se formule souvent de cette manière : est-ce que maman ou papa va arriver assez vite s’il y a un problème ? Et si le loup venait ? (nous verrons pourquoi, dans un futur article, les contes sont importants) D’une certaine manière, convoquer dans l’imaginaire de l’enfant, le loup vient ici remplir le vide que l’absence des parents a laissé. Il vient dans le fantasme représenter la vengeance contre ces méchants parents qui l’ont abandonné seul dans le noir. Et si ce fantasme vient s’élaborer, c’est peut-être tout simplement, parce que la première règle que l’on apprend aux enfants, est de : ne pas partir avec un inconnu. Qu’est-ce que fait l’inconnu si ce n’est : kidnapper et donc de le séparer. Le loup vient aussi faire en sorte que l’enfant ne soit plus seul.

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La peur du noir, n’est pas une peur simple, c’est la peur d’être seul et d’être impuissant dans cette grande chambre. Le monde des rêves, chez l’enfant, est peuplé de monstres.  Combien de fois vous êtes vous réveillé la nuit, avec la boule au ventre, les larmes aux yeux sans savoir pourquoi ? en tant qu’adulte, vous rationalisez rapidement ce qu’il vous arrive, mais un enfant de 3 ans, qui a un vocabulaire de 500 mots, pensez-vous qu’il le puisse aussi rapidement ?

Bibliographie

  • Parot, F. (1995). L’homme qui rêve. Paris : PUF.
  • Luis Alvarez, Bernard Golse,  La psychiatrie du bébé, 2e éd., Paris, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2013, 128 pages. ISBN : 9782130621508
    Lien : <http://www.cairn.info/la-psychiatrie-du-bebe–9782130621508.htm>
  • A. Bridoux, C. Monaca. Sommeil normal et neurobiologie. La Lettre du Pharmacologue • Vol. 24 – n° 1 – janvier-février-mars 2010

Lien pour aller plus loin sur le sommeil :

Dossier Trouble du sommeil chez l’enfant : Article 2

Peur de dormir ?

Bedroom-Monsters-Series1-610x407Qu’est vraiment la peur du noir ou bien celle de dormir ? Mon enfant ne veut pas se coucher, il ne veut pas faire la sieste, il fait des crises pour venir dormir avec nous… Pourquoi ? comment ?

 

Les enfants sont tous différents. Certains s’endorment n’importe où, d’autres ne veulent jamais s’assoupir. Il serait facile de dire que l’on ne sait pas pourquoi, mais malheureusement c’est faux. Tout est une question de séparation. Quand je réponds cela à certains parents, quand ils viennent me voir en consultation, ils me disent ne pas comprendre parce que jusqu’ici, il n’y avait pas vraiment de problème, et même parfois, aucun problème du tout, mais cela c’était avant. Alors qu’est-ce qu’y a changé ?

 

Dans un premier temps, tout simplement, votre enfant, et, dans un second temps vous aussi, et dans un troisième temps votre relation. Alors qu’est ce que cela veut dire ?

baby-1107333_1920Jusqu’à l’arrivée de la parole, l’enfant est dans une extrême dépendance face aux parents, il hurle pour vous faire comprendre, il pleure pour vous communiquer sa souffrance. Pendant cette période il n’y a aucune véritable élaboration de sa part. Les seules préoccupations de votre enfant viennent, de ce que les psychologues appellent, son monde interne : il a faim, il a soif, il est fatigué, il est sale, il a besoin de tendresse (d’attachement). Il n’a que des besoins, la peur du monde extérieur n’existe pas véritablement. Puis au fur et à mesure, le monde change car lui aussi change. Pourquoi change-t-il ?

 

Votre enfant change, parce qu’il apprend à votre contact. Vous lui transmettez petit à petit, un peu du monde qui l’entoure. Vous verbalisez ce que lui ne peut pas verbaliser ou, ne peut pas parcebaby-200760_1920 qu’il n’a pas encore le vocabulaire. Quand il pleure vous lui dites : « c’est parce que tu as faim ce gros chagrin… » . Tout cela lui permet d’élaborer son monde interne, tout ce qui lui fait peur à l’intérieur de lui. Parce qu’effectivement ce que ressent votre bébé lui fait peur. Toutes ces sensations venant de l’intérieur, qu’il n’avait jamais ressenties dans le ventre de sa mère. Imaginez vous dans un monde où il ne fait pas froid, où vous n’avez pas faim, où il n’y a ni lumière ni obscurité, ni silence, ni bruit… ce que l’on pourrait appeler le nirvana, d’une certaine façon. Et depuis qu’il est né, il est assailli par ce genre de sensations… nous avons tous eu faim mais nous savons ce que c’est. Votre enfant lui, l’ignore et, apprend, à votre contact, à le comprendre.

 

Un des grands principes de la vie est, que l’on ne peut pas avoir peur de tout, en même temps. Essayez, si, vous avez peur des araignées et des abeilles, de vous mettre proche des deux. Inévitablement, vous vous préoccuperez plus de l’une ou de l’autre. Pour l’enfant c’est pareil, il ne peut pas avoir vraiment peur du monde extérieur tant qu’il a peur de son monde interne.

Ce qui veut dire que, progressivement, le monde à l’extérieur de lui va prendre vie. il va pouvoir, au fur et à mesure, appréhender ce qui l’entoure, comme les phases de jour et de nuit. Ce qui nous fait arriver, indubitablement, au changement de la relation parent/enfant. Qu’est ce que cela veut dire ? Le plus souvent de 0 à 1 ans, les parents accourent dès que l’enfant pleure pour quelques raisons que ce soit, et c’est bon pour lui. Et au fur et à mesure ou, parfois de manière brutale (du à votre épuisement, le plus souvent) vous y allez de moins en moins rapidement. Attention, c’est tout à fait normal. Du coup avec votre propre changement d’attitude, votre enfant fait une nouvelle expérience. Laquelle ? Celle de l’impuissance. Mettez vous à sa place, imaginez un monde sans frustration ou vous pouvez rentrer dans n’importe quelle boutique, prendre ce que vous voulez, que tout le monde vous adore. Puis d’un seul coup plus rien, que ressentiriez vous ? De la peur, de la frustration, de la colère, finalement de l’impuissance. Ces cris ne fonctionnent plus, ils ont perdu leurs pouvoirs magiques. Cette impuissance ne peut pas être reconnue, comme telle, tout simplement parce qu’elle n’est jamais désignée le plus souvent. Comme je vous l’ai dit, c’est vous, parents, qui nommiez chaque émotion pour lui. Cette angoisse que l’enfant ressent est réelle et doit, aussi, être expliquée.

 

baby-1270030_1920L’impuissance c’est dans un premier temps à la fois interne et externe, parce l’enfant est puissant à faire bouger le monde à l’extérieur mais aussi de maintenir celui de l’intérieur. Du coup c’est ce qui le faisait crier, pleurer ou hurler. Puis au fur et à mesure, il a appris, grâce à vous, ce que l’on expliquait, à appréhender ce qui venait de lui. Et à partir de là, il peut commencer à regarder ce qui ne vient pas de lui : Le monde extérieur. A ce moment-là il peut donc commencer à être séparé de vous la nuit. Il peut donc commencer à avoir peur de dormir.

Certains parents me disent qu’ils avaient déjà compris et expliqué cela, mais est-ce que votre enfant a vraiment compris ? Et, la vraie question qu’il faut vous poser : peut-il comprendre cela à son âge ? Vous êtes vous déjà demandé s’il avait les mots nécessaires pour comprendre, non plus les sensations mais les émotions. Pour expliquer ça, en cabinet, je prends souvent l’exemple de l’apprentissage d’une langue étrangère. Tout le monde le sait, c’est facile pour certains et, compliqué pour d’autres. Il faut du temps et de la patience ainsi que de la persévérance. Il faut apprendre le vocabulaire, la grammaire, la conjugaison, puis les expressions… Pour l’enfant, la vie, c’est un peu pareil, il lui faut apprendre beaucoup de choses en même temps, et, ce n’est pas facile, voire possible.


Nb : il ne faut donc jamais prendre à la légère les peurs de votre enfant. Les peurs sont toujours irrationnelles pour l’entourage, mais jamais pour la personne qui les subit. Celui qui n’a peur de rien a donc de la chance, n’oubliez pas vous êtes chanceux, cela ne vous permet pas d’être dédaigneux avec les autres.


Bibliographie

  • Parot, F. (1995). L’homme qui rêve. Paris : PUF.
  • Luis Alvarez, Bernard Golse,  La psychiatrie du bébé, 2e éd., Paris, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2013, 128 pages. ISBN : 9782130621508
    Lien : <http://www.cairn.info/la-psychiatrie-du-bebe–9782130621508.htm>
  • A. Bridoux, C. Monaca. Sommeil normal et neurobiologie. La Lettre du Pharmacologue • Vol. 24 – n° 1 – janvier-février-mars 2010

Lien pour aller plus loin sur le sommeil :

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